Par RejebHaji
« Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable pour l’avenir ». Jean Jaurès
Le tunisien préfère jouir amplement de ses gains. Avec les gouvernements qui se sont succédé, il en est, Dieu merci, bien servi ! Pour le citoyen lambda, c’est la semaine de cinq jours pour laquelle nulle étude d’impact ni simulation n’ont été faites. Décidée à la hâte, comme étant une décision révolutionnaire, en dehors de tout bon sens économique, elle a été pérennisée par les gouvernements successifs qui se sont succédé. Comme conséquences, on constate amèrement que l’Administration n’est plus au service du citoyen, en temps voulu et en cas de besoins. Au cours de ces dernières années, une flopée de lois a été votée, mais la plupart restée lettre morte, soit pour non-conformité à la constitution ou encore par défaut de parution des décrets d’application ! Pourtant le pays regorge de compétences et n’a nullement besoin de chercher des binationaux dont l’échec a été patent dans les fonctions assumées. Ces derniers en Algérie, il faut le rappeler, sont interdits d’accéder aux hautes responsabilités.
Notre pays est aujourd’hui à un moment de vérité et nos gouvernants sont aux abonnés absents. Peut-être sont-ils en vacances ? Et ils en ont besoin, vu le travail qu’ils pensent avoir accompli ! Leur bilan négatif à perdre le souffle, ajouté à leur attente anxieuse d’un remaniement prévisible, qui se fait attendre et qui pourrait avoir lieu à tout moment ! Des organisations internationales, sous un langage diplomatique, n’arrêtent pas de nous tacler, à tout bout de champs, parce que nous prêtons le flanc par la non-réactivité de la gouvernance et le manquement à ses engagements. La conduite du pays a été soumise à la loi du hasard, à l’épreuve du temps et à la parenté calculée d’un orfèvre en la matière. Des politicards des temps nouveaux, incapables d’affronter les foules pour expliquer un projet même ficelé ailleurs, dans des instances financières internationales qui conditionnent même la libération des tranches d’emprunt déjà engagées dans le pipe-line de la dette. Ils ramassent aujourd’hui à tour de bras, des zélés dévoués par ci et par là, quelques subterfuges du coup d’Etat médical aux cahiers d’adresses bien fournis, en vue de redorer leur blason ou cacher leur insuffisance constatée à la direction de l’Etat.
Ils n’ont en fait jamais côtoyé les hommes que Bourguiba a façonnés à sa manière. Au service du pays et de l’intérêt général, la transparence était leur crédo et l’amour de la patrie leur sacrifice. C’était la bonne voie à suivre. Une voie ardue et difficile, pour jeter les bases d’un Etat moderne construit par étapes. Son parti unique, vu son histoire et ses réalisations a jeté les bases d’une démocratie nationale, caractérisée par sa « tunisianité » dans la pluralité des opinions, à l’image de sa révolution, pacifique et consensuelle. Le pays exige aujourd’hui de tous de la vigilance. Le nombre incalculable de partis et d’organisations jettent l’opprobre sur le politique et menace l’intégrité du pays. Le financement parallèle s’y est introduit et demeure aujourd’hui non identifiable. L’amalgame, sciemment entretenu, du RCD, un parti corrompu et sans projet, avec un Parti Socialiste Destourien qualifié de néo, a conduit à tenter d’effacer d’un trait des dizaines d’années de lutte, de progrès et de construction d’un Etat au diapason de la modernité. Un parti rétrograde et conservateur en a profité dès son accession au pouvoir, pour le faire disparaître et juger ses militants devant les tribunaux, chose que n’ont pas subie les partis communistes au pouvoir d’alors.
La gauche cette mosaïque d’individus, sans troupe, dans sa totalité a salué la disparition d’un parti historique de martyrs. Sa mort déjà programmée dans le temps, comme le furent les gauches européennes et leur dislocation devant un populisme qui envahit la planète et règle bientôt son horloge. En tout état de cause, l’Histoire jugera ceux qui ont amené le pays là où il est, par leurs connivences avec des conservateurs aux idéologies néfastes et aux rêves chimériques. A ceux qui ont encore l’amour de la patrie, qu’ils observent avec objectivité et conscience, la situation économique du pays : une faible croissance, un endettement sans limite, un chômage de diplômés alarmant, une baisse du pouvoir d’achat jamais connue auparavant et on peut assombrir le tableau avec les chiffres de l’INES que certains tentent de manipuler pour leurs besoins mais sans succès. On ne nous dit pas tout sur l’économie tunisienne, sur son effondrement à cause des indemnités servies, à tout bout de champs, aux soi-disant révolutionnaires, sans décision de justice. Le refrain libéral persistant est toujours aussi exigeant. Une simple actualisation des demandes antérieures des prêteurs se fait jour. Qu’on se souvienne de leurs exigences: adapter l’économie aux nouvelles contraintes par une rationalisation de l’investissement,ce qui a abouti à un réexamen des projets en cours, et reporter les grands projets, faute de financement ; une révision de la politique des prix, ce qui a conduit à une libéralisation anarchique; une maîtrise de la consommation qui viserait à ajuster les produits de la caisse générale de compensation de façon à diminuer aussi bien son déficit que sa couverture, ce qui n’a fait que l’accentuer ; une augmentation des tarifs de transport, de l’électricité, des prix du carburant et d’autres produits du chariot de la ménagère feront leur apparition au cours du mois de ramadan, ce qui va encore engendrer des contestations et des plaintes…
Une nouvelle loi sur la fiscalité pour chercher des recettes additionnelles, il faut s’y attendre. Mais également à des coupes sombres dans le social et à une réduction drastique du nombre de fonctionnaires, Banque Mondiale exige ! Telles sont brièvement rappelés les vœux et les exigences des pourvoyeurs de fonds qui ont pignon dans nos locaux à la Banque Centrale, à l’ARP, au Ministère des Affaires étrangères et dans d’autres lieux de souveraineté. La préoccupation des nouveaux politique est autre. C’est plutôt la participation à un gouvernement fantoche ou l’élection à un poste de responsabilité pour avoir accès à une immunité qui conduirait à échapper à la justice.
Les élections qui pointent à l’horizon vont ouvrir encore plus l’appétence. Des énergumènes de tout genre vont s’introduire dans la course au pouvoir, sans avoir été préparée. Il faut s’attendre à des enfantillages présentés comme des programmes et qui sont indignes d’un pays comme le nôtre, millénaire dans sa civilisation, promoteur dans la conduite des affaires de l’Etat et respecté dans le monde pour la sagesse de ses leaders d’antan.
Faut-il désespérer ? Evidemment non. Bourguiba disait lorsque le pays atteindra les bas-fonds, il est capable d’émerger grâce à la compétence de ses élites. Ainsi soit-il !
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), Chef de cabinet de Mohamed Sayah, Premier maire de Melloulèche …