- société
Par Dr RejebHaji*
Un homme seul, peu importe ses qualités intrinsèques ne peut faire des miracles. Nous l’avons expérimenté, de nouveau dans notre pays. La troïka a été à l’origine des difficultés d’existence qui ont grandi et à l’incertitude du lendemain qui pèse lourdement, aujourd’hui, sur la vie de chacun.
Les solutions ont largement fait défaut dans leur gouvernance et ils veulent de nouveau revenir au pouvoir, alors que les électeurs viennent de les sanctionner dans les élections municipales ! Pourtant les problèmes de notre pays sont identifiés. C’est à ceux qui ont eu la responsabilité historique de conduire le pays, pour un laps de temps, qu’incombe cette situation et à leur candidat de s’expliquer.
Notre pays va-t-il continuer dans la situation chaotique qu’il connaît ?
Comment rendre la confiance au consommateur, au producteur et à l’investisseur ?
Comment corriger les disparités régionales, tant au point de vue de l’infrastructure et des équipements que des ressources humaines ?
Comment s’attaquer aux origines de l’inflation et à la limitation de la dette?
Comment insuffler l’espoir à la jeunesse qui doute et qui cherche à aller ailleurs ?
Que faire alors?
Dans l’Etat actuel de la constitution, considérée comme une chasse gardée par les conservateurs de tout bord, le Premier ministre, pour réussir, doit compter sur une équipe soudée, au curriculum vitae transparent et au sens de l’Etat aigu. L’intérêt commun devrait être la ligne de conduite de son action et la gouvernance le lieu de lutte contre l’arbitraire et les dérives autoritaires. La sortie du gouffre, dans lequel se trouve le pays, est conditionnée par un retour à la confiance, la lutte contre l’esprit d’opacité et le combat des pratiques mafieuses qui se sont imposées dans le paysage politique.
Pour retrouver le chemin de la croissance, la nouvelle équipe devrait se mettre au- devant de la scène, pour expliquer ses projets et convaincre ses concitoyens. Gouverner en instaurant un rapport interactif avec la société, mais également en disant la vérité, toute la vérité, telle devrait être la feuille de route. Les calculs sordides et les ambitions effrénées nous ont menés, ces dernières années à la ruine. La gouvernance par des partis, sans troupe et peu au fait de l’économique et du social, a été à l’origine de nos difficultés.
Le bilan est lourd et la politique politicienne conduite est à l’origine de nos déboires. Un paysage politique aux abois, confirmé par un rejet, sans précédent, des électeurs. Ils ont sanctionné, par leur vote, ces machines politiques qui tournent dans le vide et dont les chefs sont des parvenus, sans histoire, ni formation à hauteur de leur responsabilité.
La situation d’aujourd’hui est des plus critiques : la croissance tarde à démarrer, le poids de la dette devient intolérable, le déficit commercial de plus en plus lourd, le chômage s’accentue et de nombreux salariés dans « la trappe à précarité et pauvreté », le sentiment de malaise et d’insécurité atteint toutes les couches de la société.Un tableau sombre évoquant des problèmes quotidiens auxquels il faut accordél’importance nécessaire.
A les énumérer ça fait froid dans le dos: le président de l’ISIE démis par son comité ; la présidente de L’IVD, au comité non conforme à la loi, refuse de se soumettre aux décisions de l’ARP ; le président de l’instance de lutte contre la corruption se plaint de ce que ses recommandations ne soient pas prises en considération ; le ministre de l’agriculture veut évaluer ses pairs, alors qu’il est contesté par les dirigeants de son parti ; un député demande un bulletin de santé au Président de l’ARP et par suite fut sanctionné ; le dinar continue sa descente aux enfers ; le taux de croissance demeure faible ; le taux d’inflation élevé (7,6%) ; le prix du baril continue sa montée ; les grèves continuent ; le budget 2018 non encore actualisé ; Carthage 2 agit en sous-mains …
Il est vrai que la situation politique, économique et sociale du pays ne fait pas rêver. En plus, de l’absence de l’intelligence et du dévouement, au niveau le plus élevé de la hiérarchie du pouvoir, qui s’est accélérée, depuis la révolution, la probité, la sobriété, la dignité et l’exemplarité n’étaient pas des exigences pour servir l’Etat. Les parvenus au pouvoir qui se sont succédés, ont changé la donne.
Toute cela, ajouté aux multiples erreurs de gestion, les sanctions des instances internationales ne se sont pas fait attendre: le pays a été black-listé, en raison également de « sa non-conformité aux normes internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme » ; « Fitch Ratings vient de confirmer la note de défaut émetteur à long terme en devises étrangères de la Tunisie à «B+» avec perspective négative » ; « la plus grande bourse de crypto monnaie (monnaie numérique) en Corée du Sud et cinquième plate-forme d’échange au monde en volume de transactions numériques, vient de lui interdire l’activité commerciale sur Bithumb » ; « la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (COFACE), selon son Baromètre “risques pays et sectoriels”pour le 1er trimestre 2018, vient de faire savoir que la notation de la Tunisie a été dégradée de risque assez élevé (B), à risque élevé (C)…
Ces sanctions se sont confirmées par un sondage effectué par la firme américaine de statistiques, Gallup, entre le 11 et 25 avril 2017, qui révèle que 50% des sondés estiment que la situation économique ne fera qu’empirer, tandis que seulement 15% se déclarent optimistes à son évolution favorable. L’échantillon retenu par l’étude est de 1001 sondés, âgés de 15 ans et plus, moyennant des entretiens directs, avec une marge d’erreur admise de plus ou moins 3,4%.
Le discours inattendu du Premier Ministre d’hier, ne vient-il pas, à point nommé, semer encore plus de pagaille au sein du pouvoir, et pousser même au doute et au pessimisme ? Le lavage d’un linge sale à Nidaa par média interposé, est une irresponsabilité sans borne dans le cours de l’Histoire du pays. C’est une faute politique lourde. Pourquoi Le premier Ministre pend-il les devants, alors que le Président de La République est en France, pour contribuer à une solution libyenne qui a trop tardée à venir ?Les accusations formulées et les disputes qui s’annoncent ne feront qu’affaiblir le camp de ceux qui se battent contre les tentatives de récupération et de sabordage des acquis. Ils confortent, en fait, ceux qui comme les conservateurs de tout bord sont aux aguets comme « l’œil qui était dans la tombe et regardait Caïn. »
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), chef de cabinet de Mohamed Sayah dans plusieurs ministères…