- société
Et si cela nous arrivait à nous ??
Être maman n’est pas l’affaire de neufs mois, ni de neufs ans, être une mère c’est l’histoire d’une vie.
les premiers pas, les premiers sourires, les premiers je t’aime et les premiers j’ai mal…
Avoir un enfant c’est tenir la vie entre ses tripes, la posséder entre entre ses mains .
Il est dur de voir son enfant souffrir, de ne rien pouvoir pour lui juste parce qu’il est différent.
Le désespoir et l’impuissance prennent possession de nous, nous avons ardemment besoin de le sauver, de trouver une solution: mais une solution à quoi au juste????
Au fait qu’il soit qui il est ? au fait qu’il ne soit pas comme ce que la société et les convenances voudraient qu’il soit ?
Au fait qu’il soit différent tout simplement différent…
Nous jugeons, blessons, dénigrons les autres parce qu’ils nous dérangent et perturbent notre comfort.
Et si un jour nous aurions à inverser les roles ?
Le témoignage poignant d’une mère victime de l’Etat et de la société à cause de la différence de son fils
Salwa est une mère qui comme toutes les mères aime son fils, même si le sien est selon la loi, un criminel car homosexuel. Elle ne peut pas prendre la parole à visage découvert, elle ne peut pas dire son nom, mais elle a choisi de faire entendre sa voix car elle est confinée depuis des années dans le silence et la culpabilité.
Lorsque Salwa a découvert l’homosexualité de son fils, elle ne savait pas à qui s’adresser, n’avait personne à qui parler, ne comprenait même pas ce qu’était l’homosexualité. Elle croyait que c’était un péché et n’arrivait pas à l’accepter.
Puis elle s’est renseignée, a beaucoup lu pour arriver à la conclusion que son fils n’avait pas choisi d’être homosexuel et que « ce qui a été prévu par Dieu se fera de toutes manières. »
Longtemps, elle a vécu dans la peur au sein même de sa famille.
Ce que Dieu avait prévu, ne pouvait être accepté par sa famille.
Certains de ses proches lui ont dit : « Si on le rencontre dans la rue, habillé ainsi, on va le tuer. Il ne rentrera pas à la maison !».
Et un soir il n’est pas rentré ; il venait de se faire arrêter par la police.
En pleine nuit Salwa a couru paniquée au commissariat. On l’a empêché d’entrer.
Le commissaire lui a dit : « c’est ta fille, comment elle s’appelle déjà ? » Salwa s’est sentie blessée par ces propos humiliants mais a tenu bon et a exigé de connaître le motif de l’arrestation.
Son fils avait été arrêté dans la rue à cause des vêtements qu’il portait.
A cause de son genre.
La condamnation sur la base de ce motif futile est tombée : 6 mois d’emprisonnement, réduits à 3 en appel.
3 mois, pour délit de faciès, pour n’avoir commis aucun crime, sauf celui d’être différent, 3 mois d’enfermement alors que son fils était mineur.
La descente aux enfers
Salwa a alors connu l’univers de la prison. Chacune de ses visites étaient l’occasion d’insultes et d’humiliations de la part du personnel pénitentiaire qui connaissait son dossier. Salwa a cette phrase terrible : « Ils me jugeaient. Je me sentais condamnée avec lui. Lui condamné à l’intérieur, et moi à l’extérieur. »
Condamnée a être la mère d’un fils quelle aime et qu’elle accepte
S’en est suivi, une dépression puis le chômage.
De tout le monde, de sa famille jusqu’à la propriétaire de la maison quelle loue, elle entend toujours la même phrase : « Toi, oui, ton fils, non. »
Mais quoi qu’il arrive, il reste son fils et si comme elle dit « elle l’aime à mourir », elle n’imaginait pas que ce serait l’Etat, la police et la loi qui la feraient mourir petit à petit.
Salwa témoigne pour parler aux mères victimes de l’injustice par ce : « Je rêve de vivre comme tout le monde, et de voir mon fils vivre comme tout le monde. »
Pour que ce témoignage ne se reproduise plus, le Collectif Civil pour les Libertés Individuelles exprime les revendications légitimes suivantes :
Les soussigné.e.s membres du Collectif Civil pour les Libertés Individuelles :
– Rappellent à l’Etat Tunisien l’obligation de respecter les différentes dispositions de la constitution de 2014 et les engagements découlant des conventions internationales ratifiées qui soutiennent le droit à la pleine égalité et la garantie de la dignité et de l’intégrité physique ;
– Appellent le parlement tunisien à abroger immédiatement les articles 226, 226 bis, 227 bis, 230 et 231 du code pénal et à appliquer les recommandations des deux rapports finaux de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) et de la Commission Nationale pour la Prévention de la Torture (CNPT) demandant l’abrogation de ces articles anticonstitutionnels et portant atteinte aux libertés individuelles ;
– Appellent les Représentant.e.s du Peuple à relancer le débat autour du projet du
Code des Droits et des Libertés Individuelles et son adoption au plus tôt au vue de l’importance qu’il revêt pour la garantie des libertés individuelles en général et des droits des personnes LGBTQI+ en particulier ;
– Exigent des pouvoirs judiciaires et des services médico-légaux l’arrêt immédiat du recours aux examens anaux et de tout autre examen portant atteinte à l’intégrité physique et à la santé mentale, et de se conformer à la position officielle du Conseil de l’Ordre des Médecins Tunisien.ne.s et de l’Instance Nationale de la Prévention de la Torture, qui assimilent ces pratiques à de la torture, les considérant contraires à la déontologie et l’éthique et qui plus est, sont dénuées de toute valeur scientifique ;
– Rappellent à l’État son manquement aux engagements pris auprès de la communauté internationale et le non-respect des déclarations faites lors de l’Examen Périodique Universel de 2017 au Conseil des Nations Unies, à savoir son acceptation de la recommandation relative à la protection des membres de la communauté LGBTQI+, la suspension des examens médicaux humiliants qui leurs sont infligés ; et appellent par conséquent l’Etat Tunisien à mettre immédiatement en application lessdits engagements.
Petition : Stop aux tests de la honte !
Collectif Civil pour les libertés individuelles