- société
Par Dr RejebHaji*
Voyez-vous dans la vie, il n’y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer, et les solutions les suivent.
Les nouveaux professionnels de la politique sont remis actuellement en cause. Ils sont issus d’une mouvance qui, dès son jeune âge, a occupé directement des emplois en politique. Ils aspirent,aujourd’hui, à instituer un statut de l’élu prévoyant des rémunérations, des indemnités, une protection, une retraite…
Le système politique avec le temps s’est dégradé, ces dernières décades. Le parlement s’est déconnecté de la réalité du pays. Les femmes, les jeunes et les catégories socioprofessionnelles y sont peu représentés. Ajouter à cela que les partis politiques qui prolifèrent, ne font que distribuer les postes. Les ministres proviennent souvent de cette mouvance. Ils ont été formés par un parti et ses organisations de jeunes et d’étudiants. Ils n’y ont pas appris à travailler les dossiers mais à rédiger les motions et organiser les rassemblements.
L’économie réelle n’est plus, pour eux, un champ d’interrogations et d’études mais un réservoir de postures. Quand ils sont appelés à diriger un ministère, il leur faut du temps pour s’habituer et comprendre les sujets qui souvent leur échappent. Peu sont au fait des expériences des autres, même s’ils proviennent d’ailleurs et ont la double nationalité.
D’ailleurs ces nouveaux venus auront du mal à se convertir à la fin de leur mandat c’est pourquoi ils travaillent quand ils sont au pouvoir à assurer, en premier lieu, leurs arrières. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le devenir de ceux qui ont fait la troïka qui courent encore derrière une nouvelle responsabilité espérée d’où leurs coups médiatiques pour se faire valoir, alors qu’ils ont laissé le pays dans un état comateux.Des politicards sans envergures, recourent à la création de partis pour échapper à la loi ou encore pour avoir des subsides de l’Etat pour des activités souvent contestables et non conformes aux statuts de leurs propres organisations. Comme la lutte contre la corruption est la panacée du pouvoir actuel, appuyée en cela par toutes les composantes de la société, l’exigence d’un quitus fiscal et d’un bulletin N° 3 de tout candidat aux prochaines élections locales doivent être la règle. Il en est de même par exemple, à titre de régularisation pour les ministres, les députés, les responsables des partis politiques, les organisations syndicales, les associations des sociétés civiles…
Cette exigence serait un point fort de la transparence et de la lutte contre la corruption qu’il faut mener sans relâche et dans la clarté. Il est temps de remettre le pays en marche. Il faut se mettre à la tâche pour combler les lacunes de la constitution; clarifier par exemple les rôles entre Président de la République et le Premier ministre qui demeurent brouillés, limiter le Parlement à ses prérogatives ; laisser l’Etat continuer à simplifier ses procédures pour devenir plus économe, plus fort et plus efficace ; mesurer l’impact des lois votées ; veiller à ce que les responsables soit habités d’une vision à long terme des intérêts du pays et croire à la possibilité de le réformer…Ces derniers, étant eux-mêmes, désintéressés, connaissant le monde et ses enjeux, motivés par le seul souci d’être utile au pays, pendant une courte période.
La protection de la démocratie est à plusieurs volets. C’est l’affaire de chacun d’où la nécessité de l’émergence d’un citoyen plus écouté, plus impliqué, plus actif. Les discours enflammés, les annonces plus ou moins spectaculaires, souvent improvisées, les politicards sans vision du pays, sans projet, sans programme, avec une recherche de paraître à tout prix dans les lobbys médiatiques, ne fera que conduire le pays, déjà surendetté, à s’enfoncer davantage dans le chômage et le désarroi, ce qui le conduira inévitablement à la faillite. L’urgence actuelle est de faire respecter un Etat de droit, pour que chacun s’y sente protégé contre l’intolérance, l’arbitraire, les extrémismes. Pour atteindre cet objectif le ministère de l’intérieur devrait être dédié exclusivement à la sécurité. Il doit être doté d’un centre de recherche et de prospective qui lui permet de s’adapter aux nouvelles menaces.
Il faut d’urgence mettre en œuvre, non les recommandations des bailleurs de fonds qui mettront le pays à genoux, mais, au lieu de prêcher dans le désert, il faut exhorter à la solidarité, à l’empathie et à l’altruisme. La fiscalité doit contribuer à moins d’endettement et à une meilleure distribution des richesses. Il faut qu’elle soit revue et corrigée. Pour cela, il est nécessaire d’établir un bon diagnostic pour formuler des réformes adaptées. Il faut fixer les règles du jeu (taux, assiette) sur un quinquennat, en son début, et s’y tenir, sans versatilité. Il faut qu’elle soit comprise comme un outil de solidarité et qu’elle encourage la création de richesses et d’emploi.
Notre pays n’est pas le seul dans le monde, à connaître des difficultés et à être à bout de souffle. Comme en France, les partis politiques ne sont plus capables de produire des idées utilisables en pratique ; ils ne regroupent plus que soit des élus ou des candidats à une candidature ; ils ne mènent aucune action sur le terrain ; ils confisquent la politique.Pour mettre fin à cette situation, une force tranquille est née en France. Personne n’a imaginé auparavant son éclosion. Un jeune énarque de 39 ans a brisé les barrières entre droite et gauche et a signé la mort des partis classiques. Inconnu du grand public jusqu’à son entrée au gouvernement en 2014, il a été capable de bouleverser l’échiquier politique à gauche comme à droite. Arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle (24,01%), il a remporté la victoire, le 7 mai, le second tour face à Marine Le Pen.
Son nouveau regroupement ouvert sur des idées d’où qu’elles viennent, l’essentiel, c’est qu’elles cadrent avec des objectifs qu’il a fixés, à réaliser dans l’espace et dans le temps. Les électeurs français ont cru à sa démarche et s’apprêtent à lui donner une majorité historique à l’assemblée, pour lui permettre de réaliser son programme présidentiel. Pari réussi pour lui. Adepte de Tony Blair mais également du modèle des pays scandinaves, c’est un socio-libéral. Avec son élection, rien que le choix de ses ministres et leur nombre restreint- moins que le nôtre- pour la quatrième puissance du monde, traduit qu’un changement dans la vie démocratique est en train de s’opérer. Des nouveaux venus sur la scène politique pour prendre la relève ; ils proviennent de la société civile, du monde politique, bref des représentants de toutes les couches de la population. Les élections législatives pour élire les 577 députés sont une déferlante qui a donné un coup de pied à la fourmilière des partis traditionnels. Ces derniers naufragés se voient au bout de l’explosion.
Privés de financement public puisque moins d’élus, ils seront dans l’obligation de fermer boutique pour certains et de se poser le problème même de leur existence pour d’autres. La lutte contre la corruption et la transparence sont les maîtres mots. L’exemplarité pour les prétendants à une fonction est de mise. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HAPTVP) passe en revue les patrimoines et les contrevenants à la moralité politique seront exclus. La république se transforme profondément, par ces touches successives, mûrement réfléchies.
Telle est une expérience en voie de réussite, quel mal y-a-t-il à ne pas s’en inspirer et à ne pas l’adapter à notre situation qui est comparable à bien des égards ? Une proposition à méditer !
H.R.