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L’amour made-in Tunisia : Que reste t-il des grandes épopées, de Kais et Leila et de Roméo et Juliette ?

  • L’amour made-in Tunisia  : Que reste t-il des grandes épopées, de Kais et Leila et de Roméo et Juliette ?

 
Ah l’amour, ce mot qui depuis notre enfance a nourri notre imagination. Qui n’a pas grandi en lisant des contes de fées où prince et princesse finissent par se marier et vivre heureux ?
L’amour tel qu’on nous l’a présenté est un sentiment noble et tout ce qui s’en dégage nous fait rêver, mais qu’en est-il de l’amour aujourd’hui, dans cette société ?

Que reste t-il des grandes épopées, de Kais et Leila et de Roméo et Juliette ?

En Tunisie l’amour malheureusement est une affaire de calculs, la spontanéité, si elle existe finit par s’éteindre avec les dernières années de l’adolescence et ce mot perd tout son charme !

L’amour se fonde aujourd’hui sur les apparences, il est dicté par des conditions et vu que dans notre société arabo-musulmane, amour et mariage sont liés, l’amour se perd…

Pour les hommes, choisir la femme de leur vie dépend de conditions, ça va du physique, à la situation matérielle, lorsque les conditions sont remplies, ils peuvent se laisser-aller à aimer. Ne parlons pas de cette tranche d’hommes qui sont passés maitre en matière de drague, ils se foutent des principes, des traditions ou de la sincérité. Avec leurs textes bien rodés, ils apprivoisent ces demoiselles à la recherche de l’homme idéal mais tombent ils eux même amoureux ? La réponse est malheureusement non ! Ils pensent juste à s’amuser mais bon, si certaines conditions sont remplies ils céderont peut-être et changeront d’avis.
En Tunisie, l’amour se compte en dinars, certaines familles imposent encore à leurs enfants des mariages organisés, même si épouser sa cousine n’est plus d’actualité pour cause de consanguinité, épouser une femme de la même région, du même niveau social ou autre, reste très en vogue.
Ce n’est pas un être humain que certains épousent mais un trophée qu’ils afficheront comme un des signes apparents de leur réussite.

Mais qu’en est-il des sentiments ?

L’amour viendra plus tard peut-être et sinon on garde son trophée et on se prend une maitresse dont on tombe follement amoureux, oui certains hommes savent faire la part des choses !
Mesdemoiselles elles, recherchent désespérément l’amour, plus empreintes par les contes de fées et les feuilletons mexicains ou turques, elles rêvent encore au prince charmant mais attention ! Il doit-être beau, avoir une maison, une voiture, des biens, un bon revenu et énormément d’argent.
Alors lorsqu’un événement se présente, elles sortent le grand jeu et participent au concours de la poupée parfaite, elles s’exposent comme un morceau de chair et les enchères peuvent commencer.
L’amour existe pourtant mais lorsqu’il est là des complications viennent le briser, le contexte, l’entourage, la famille… tout ça fait que le potentiel qu’une de ces histoires perdure devient mince.
« En Tunisie l’amour n’est plus !
L’amour ne sert à rien,
l’intérêt compte d’avantage!!! »
 

Vous pensez que j’exagère ?

Regardez autour de vous, regardez bien et vous verrez à quel point j’ai raison. La société d’aujourd’hui n’encourage en rien l’éclosion de ce sentiment, on n’est pas conditionné pour aimer et si on garde une part de rêve en nous, la déception ne sera pas très loin.
La grande question est de savoir si on peut espérer qu’un jour ce sentiment puisse retrouver son sens originel et si on doit apprendre à nos enfants à penser avant tout à leur intérêt au risque de perpétuer tous ces échecs conjugaux et ce taux de divorces en constante augmentation ?
Ou doit-on faire germer en eux la spontanéité et leur apprendre le vrai sens de l’amour au risque de les voir souffrir et être déçus ? Aimer sans calculs, sans arrières pensées, sans intérêts, savoir se donner sans avoir peur de tomber dans les filets de fossoyeurs, de menteurs et de manipulateurs ?
Dans cette société qui a perdu beaucoup de ses valeurs, de ses fondements, cette société où tout à peu près, s’achète ou se vend, on marchande même les sentiments mais ou va-t-on ? Perdus entre orient et occident, entre modernisme et traditions, on a fini par marcher sur un fil pondant mince et cassant et on se croit les rois !
Réveillons nous, on a encore du chemin à faire pour prétendre à la perfection. Société oblige, apparences oblige, on n’est que plus fragiles psychologiquement car on a perdu nos repères. On doit finir un jour par choisir, divorces, familles déchirées, des sans-abris, de vieilles personnes jetées dans les centres reniés par leurs enfants.
Grace à l’occupation française et aux politiques menées après, on a gagné des choses mais on a aussi beaucoup perdu. L’amour aussi a été défiguré parce que nous sommes perdus entre deux identités et celui qui a deux identités n’en a en faite aucune !
Par Jihène Sayari

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