- société
Par Myriam Essoussi
Toute l’histoire de cet homme se résumait à un numéro. C’était un macho qui se couvrait par sa confiance inexistante à fin d’éblouir les autres par leur propre lumière. En effet c’était juste un miroir qui reflétait la confiance des autres et se l’approprié. Un homme avec autant d’orgueil cachait surement ou plutôt uniquement des complexes ; une maman alcoolique, une sœur prostituée et une femme considérant le sexe comme une tache ménagère voir une obligation. J’aimais bien le scénario et d’un coup je me suis sentie légère, je ne haïssais plus cet homme mais j’avais de la compassion pour lui. D’un autre coté, je savais pertinemment que cet individu avait marqué sa place au fer rouge mais j’essayais de me convaincre qu’il était aussi vide que sa carte et qu’il ne méritait autant d’attention… que des déductions peut-être pour assouvir mon envie d’exaspération envers celui qui s’est permis de m’ignorer par volonté et non par inadvertance.
Une jolie femme chaperonnant ses quarante ans, une rédactrice de haute renommée se fait ridiculiser par une carte visite vide et un numéro. C’était juste trop !!!
Histoire de penser à autre chose, j’appelais le serveur à fin de passer une autre commande, mais l’insolence de l’inconnu était beaucoup trop présente. Même le gout amer d’un café sans sucre n’arrivait à noyer le chagrin et l’humiliation que je venais de subir. Tout me distinguait de lui ; il était amer, j’étais vivante, il était insolant, j’étais orgueilleuse, il aimait le hasard, j’adorais les défis organisés, il avait le vide de la parole, j’avais la richesse du silence… Je passais la matinée dans ce café à finir de visionner quelques articles pour mon prochain numéro… encore et toujours ce numéro écrit en chiffre doré comme pour valoriser l’histoire d’un être tellement limpide dans son obscurité.
Une semaine était passée après cet incident que j’ai fini par comblée comme toutes celles qui l’ont précédé. Et la matinée du 17 décembre je recevais la visite de ce parfum. J’étais prise de panique. Je connaissais les règles et les principes de l’amour, j’étais une experte dans tout ce qui concernait les sentiments et là de loin c’était le coup de foudre mais c’était bien plus. Tout ceci me mettait de bonne humeur, car avoir ce serrement de cœur, cette euphorie pendant quelques secondes, avoir l’esprit qui se lançait dans des scénarios extrêmes étaient un très bon début de journée. Je me disais que le manque d’amour que j’avais me rendait susceptible à n’importe quelle pincée d’attention. On est comme cela les femmes, on aime à en perdre la raison, on déteste à en faire pâlir les étoiles dans le ciel mais on est loin d’être indifférentes aux frémissements que nous procure la respiration ample d’un homme, à sa voix un peu trop aigue à notre gout, ni à son parfum tellement viril…
Mes yeux collés à mon bureau n’osaient regarder vers la porte mais ma tête de nature curieuse les poussa à se lancer dans l’inconnu ou presque.
-je peux ?
…
(à suivre)