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Affaire Mass’Art : Quand Culture rencontre Inculture

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Par Samantha Ben-Rehouma
L’espace Mass’Art, créé en 2011 à Bab Saadoun, aurait pu être baptisé « Culture Pour Tous » tant sa vocation première est de proposer à un public « Chaabi » – du fait de sa proximité avec un quartier populaire- tout un éventail d’activités culturelles comme des films, des pièces de théâtre, des spectacles, des expositions, des concerts … Bref, un vrai bol de « Broudou Fa9afa » !
Mais, ça c’était avant. Jeudi 12 mars ou jeudi noir pour le monde de la culture et des arts, le Tribunal de Tunis a tranché : Fermeture immédiate de Mass’Art !
Nonobstant et fort de ses connaissances juridiques (plusieurs avocats sont sur l’affaire), Mass’Art ne compte pas en rester là puisque la décision du tribunal est en totale contradiction avec la législation régissant la fermeture des espaces culturels.
Par ailleurs, une pétition, adressée à la ministre de la Culture, Latifa Lakhdhar, a vu le jour et a été mise en ligne pour protester sur la non-recevabilité de cette décision.
En effet, cette histoire de fin de bail n’est que l’arbre qui cache la forêt. L’affaire Mass’Art est le cas type où la culture est délibérément négligée sous prétexte de tensions, d’affrontements ou encore de périodes tragiques. Or, le résultat engendré fait le lit de l’obscurantisme et le règne de l’ignorance érigée en valeur de nos jours.
Ne nous étonnons, donc, plus de voir autant d’agression et de déni contre tout ce qui pourrait inciter à une réflexion tranquille ou intelligente quelconque (cf. Mohamed Talbi).
Nous sommes, en quelque sorte, au bout du rouleau humaniste, submergés par cette massification, cette médiocratisation, ce no man’s land intellectuel… en plein nihilisme mou, confus, bruyant, voire violent où seuls les soubresauts d’ordre spiritualiste ou nationaliste existent.
Les espaces culturels tout comme Mass’Art existent, non pour préserver ou restaurer un patrimoine, mais pour le faire vivre. Lier le passé au présent pour pouvoir bâtir son avenir, en quelque sorte.
Mass’Art – de par sa proximité avec les jeunes du quartier a vu et contribué à la naissance de bon nombre de talents qui, sans cet espace, auraient très bien pu sombrer dans la délinquance, le suicide, le djihad, etc. Bref, tout ce qui alimente, ces temps-ci, la page faits divers des journaux.
De plus, lorsque nous assistons, impuissants, à cette « mise à mort » de ce qui constitue la richesse culturelle, et ce, sans inquiétude aucune du pouvoir en place, c’est à se demander vers quel projet de société se dirige-t-on ?
Il est grand temps de comprendre que la culture est une arme de construction massive et que, par conséquent, on n’arrivera à rien en fermant les espaces culturels qui sont un bouclier pour le jeune tourné et formé, le plus souvent, sur un modèle étranger, conscient, par ailleurs, de la perte et d’un manque profond de son identité culturelle et proie facile pour ces Abou d’confiance bien contents d’avoir trouvé une jeunesse Abou de souffle pour semer l’Abou calypse en leur âne et con-science !
 
Lien de la pétition : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Mme_Latifa_LAKHDHAR_Ministre_de_la_Culture_de_Tunisie_Sauvez_lespace_culturel_MassART_nqdhw_fD_msr_llfnwn/?pv=3

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