×

Radhia Nasraoui : La glorieuse histoire d’une femme militante

  • Radhia Nasraoui  : La glorieuse histoire d’une femme militante

Il faudra me tuer pour me faire taire, ma vie, c’est les droits de l’Homme ! Une réplique prononcée par Radhia Nasraoui qui en dit long sur son parcours ! Cette figure de l’opposition Tunisienne, avocate militante des droits de l’homme a tracé son chemin contre vents et marées et fut la femme d’exception de part et d’autre de son engagement inconditionnel et son dévouement intarissable pour dénoncer toute répression et condamner toute violation. Malgré toutes les difficultés et la peur constante d’ être de nouveau arrêté , torturé et peut-être tué , elle a fourni des efforts colossales pour continuer son combat pour les droits humains et en particulier contre la torture. Avoir des contacts avec tant de victimes l’a encouragé à poursuivre sa cause.

 

Le chemin vers la lutte pour les droits de l’Homme

Ce qui a fait de Radhia Nasraoui une femme d’exception, c’est justement sa remarquable résistance à la dictature depuis  les années 70 quand elle a entamé une campagne en faveur du respect des droits de l’homme lors du règne Bourguibien interdisant tout mouvement protestataire et toutes manifestations d’étudiants et de travailleurs.  Malgré les restrictions imposées, elle parvient en 1976 à convaincre le cabinet dans lequel elle travaille de défendre les étudiants dans ce qui a été révélé comme étant une nouvelle vague de procès politiques.

Radhia Nasraoui a choisi d’être un symbole de la lutte pour les droits de l’Homme. Elle a  participé ainsi à la fondation de l’Association de la lutte contre la torture en Tunisie en 2003. Une organisation qui reste non reconnue officiellement par les autorités, dénonçant ouvertement la torture et œuvrant afin de fournir une aide médicale et juridique aux victimes. Elle assure également la liaison avec les ONG internationales afin de sensibiliser contre la torture en Tunisie

Dès lors qu’elle a été désignée présidente, elle a dénoncé ce qu’elle considère comme la « torture systématique » pratiquée en Tunisie depuis l’accession au pouvoir du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali.

Elle a été l’un des premiers avocats à défendre les épouses des membres du parti islamiste. Ces femmes avaient été persécutées par les forces de l’ordre, harcelés et souvent soumis à la torture la plus brutale dans les années 1990. Nasraoui s’est activement opposée à ces violations des droits de l’homme et l’action horrible pris contre les femmes par les autorités tunisiennes.

 

Une femme face à la répression policière

Ce que Radhia Nasraoui a pu endurer à l’époque Bourguibienne ne semble être qu’un début d’une longue série d’attaques envers sa personne orchestrées par les agents de Ben Ali. Elle a été continuellement exposée à la répression et à la violence policière.

En 1998, la plupart de ses dossiers ont été volés, sa maison a été mise sous surveillance constante, sa ligne téléphonique a été  régulièrement coupée ou mise sur écoute. Mariée à Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des travailleurs, depuis 1981, sa famille n’a pas réussi à se tenir à l’écart du marasme de l’état policier. Critiquer le régime, sensibiliser contre la torture et lutter contre l’immunité juridique des tortionnaires a fait d’elle une cible de harcèlement et d’intimidation par le gouvernement. Toute sa famille, y compris ses trois enfants, ont été persécutés et harcelés au cours des années Ses filles endurent des intimidations constantes. Son mari Hamma Hammami passé des années en prison et a dû vivre dans la clandestinité pour éviter la détention, la torture et même la mort

En revenant de Paris, le 8 mai 2001, elle a été interceptée à l’aéroport de Tunis Carthage et tous ses écrits sur la répression en Tunisie lui ont été confisqués.

 

La révolution du Jasmin met fin à la répression

Depuis le 14 janvier 2011, Radhia Nasraoui est considérée comme l’avocate et la militante contre la torture la plus connue en Tunisie. Elle a été choisie comme étant un leader d’opinion du Printemps arabe. La militante ne cède à aucun souffle nouveau, elle continue à dénoncer les cas de tortures et de violations infligés aux prisonniers.

 

Un parcours couronné de prix

Le 16 novembre 2005, l’Université libre de Bruxelles décerne à Radhia Nassraoui le titre de docteur honoris causa pour sa défense des droits de l’homme et son engagement en faveur de l’émancipation de la femme tunisienne. Kristian Berg Harpviken, directeur du Peace Research Institute Oslo juge probable, avant l’attribution du prix Nobel de la paix 2011, que Radhia Nasraoui figure parmi les lauréats en tant que représentante du Printemps arabe

En novembre 2011, Radhia Nasraoui figure parmi les lauréats du Prix ​​Roland Berger pour la dignité humaine remis par la Fondation Roland Berger pour avoir « contribué de façon significative à la réussite du Printemps arabe et à la protection de la dignité humaine »

Le 14 mai 2013, elle reçoit de l’Université de Mons le titre de docteur honoris causa pour son engagement en faveur des droits de l’homme en Tunisie.

 

 

DOSSIERS SPÉCIAUX