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Violences faites aux femmes: Arrêtons les clichés

  • Violences faites aux femmes: Arrêtons les clichés

Femmes Maghrébines

A l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, votre magazine en ligne, Femmes Maghrébines, comptait réaliser un grand papier regroupant différents témoignages et avis sur le sujet et l’on préparait même un spot de sensibilisation contre ce fléau. Nous avons été pris de court par les événements terroristes survenus hier et, comme cela doit être le cas pour certains d’entre vous, nous avons dû changer toute notre programmation.

Cependant, et comme nous estimons que ce sujet demeure grave pour notre société, nous avons approché quelques personnalités qui ont bien voulu nous répondre. L’islamologue et psychanalyste, Olfa Youssef, l’écrivain et éditeur, Abdelaziz Belkhodja et la journaliste activiste, Saïma Mzoughi, ont bien voulu nous donner leurs avis à ce sujet.

Olfa Youssef : ‘Une femme violentée est dans l'inconscient collectif de notre société’

Olfa Youssef : ‘Une femme violentée est dans l’inconscient collectif de notre société’

L’obstacle le plus important concernant tous types de sensibilisation contre la violence fais aux femmes est le déni même de cette violence. C’est une réalité tue et cachée dans la plupart des cas; d’ailleurs, ce sont celles qui y sont confrontées qui la cachent par honte, crainte de représailles ou peur d’être jugée. Une femme violentée est dans l’inconscient collectif de notre société, une femme qui a mérité sa sanction: la société oscille entre le « testahel » ou « jabettou lrou7ha » et le  » il ne faut pas en faire un drame », « ça arrive dans un excès de nervosité » etc…

Ce n’est pas un hasard si le nombre de crimes conjugaux contre les femmes augmente considérablement en Tunisie. Ceux ci se nourrissent  de l’impunité dans plusieurs cas, et de la banalisation sociale dans d’autres cas. Le chemin est encore très long…’

 

Abdelaziz Belkhodja : ‘La femme tunisienne finira par vaincre cet intégrisme qui banalise la violence faite aux femmes’

Abdelaziz Belkhodja : ‘La femme tunisienne finira par vaincre cet intégrisme qui banalise la violence faite aux femmes’

‘Le phénomène de la violence faite aux femmes prend une dimension particulière s’agissant de la Tunisie puisqu’alors que ce pays est censé avoir atteint une forme de gouvernement supérieure, le phénomène n’a fait qu’empirer. Pourquoi? Parce que l’insidieux islam politique a profité de la démocratie pour venir remettre en cause une des libertés fondamentales les plus chères aux tunisiennes et les plus avancées de la civilisation, celle de l’égalité homme-femme, dévoilant ainsi d’un seul coup et avec cruauté, les limites de la démocratie en tant que système d’émancipation de l’humain.

Le véritable problème est celui, bien sûr, de l’hypocrite islam politique, rejeté par le Coran mais imposé à la jeune démocratie tunisienne par des parties qui redoutent au plus haut point la contagion de la liberté. Ces parties, conscientes de la formidable résistance de la femme tunisienne à l’obscurantisme, ont opéré une falsification de la démocratie qui risque malheureusement d’aboutir, puisque même la nouvelle majorité, élue justement pour contrecarrer ce phénomène, s’est fourvoyée avec les islamistes, trahissant ainsi non seulement son électorat, mais aussi des valeurs politiques qu’elle n’a en fin de compte utilisé que pour atteindre le pouvoir.

Mais la femme tunisienne a plus qu’un tour dans son joli sac et elle finira par vaincre cet intégrisme qui banalise la violence faite aux femmes, ce qui dévoile encore une fois que cet intégrisme n’est qu’une falsification du texte sacré qui a accordé à la femme un statut supérieur, balisant ainsi un progressisme rejeté par une mentalité fondamentaliste qui traîne la culture de la violence et de la mort.’

Saïma Mzoughi : ‘Il faut que la femme refuse le silence pour pouvoir briser les murs de la peur’

Saïma Mzoughi : ‘Il faut que la femme refuse le silence pour pouvoir briser les murs de la peur’

 ‘Les violences faites aux femmes est un sujet qui a été traité par tout le monde, sous tous les angles et avec toutes les interprétations possibles et imaginables. Cependant, je continue à penser que seule la femme est capable d’arrêter le fléau, indépendamment des lois ou encore moins de la volonté politique.

Il faut que la femme refuse le silence pour pouvoir briser les murs de la peur. Il faut que la femme soit au courant de tous ses droits et qu’elle soit au courant de tous ceux qu’elle peut encore avoir en bataillant… Il faut que la femme soit indépendante pour que personne ne puisse un jour la contrôler. Et vive la femme!’

 

Ghalia Ben Brahim

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