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Femme, il en est ainsi du cerveau humain…!!

  • Femme, il en est ainsi du cerveau humain…!!


Pr Ahmed Dhieb*
En tant que Professeur d’anatomie, j’ai toujours eu le malin plaisir de rappeler à mon auditoire d’étudiants en médecine, surtout en début d’année, que le cerveau de l’homme pesait 1400 grammes, face à un cerveau de femme qui pèse 1200 grammes en moyenne….
D’autant que mon auditoire était composé d’une majorité de femmes. Il en est ainsi depuis que nos garçons se sont mis à déambuler depuis leur classe de neuvième, et sont moins enclins à suivre assidûment leurs études. Les filles étant de ce fait dans une proportion bien plus grande que les garçons.

Les trois cerveaux

Nous disposons en fait de trois étages cérébraux.. Mais comme les étages d’un bâtiment, tout passe par le rez-de-chaussée. Où figure le gardien.
Ces trois cerveaux sont:
Le cerveau primitif ou Reptilien
Le Paléocortex
Et enfin le Néocortex.
Si nous parlons de cerveau reptilien, c’est qu’il s’agit forcément d’un cerveau primitif. Imaginons une structure anatomique qui s’est développée entre quatre cent et deux cents cinquante millions d’années. C’est loin. Mais c’est ce que possède aujourd’hui un reptile. Il est représenté dans notre cerveau humain d’aujourd’hui, par le cervelet et le tronc cérébral. Son importance vient du fait qu’il est là comme gardien. Il est à l’affut de tout ce qui peut nous faire peur, nous agresse.. etc.. Il va gérer les données de base de notre existence, comme la respiration, les battements cardiaques, le maintien de notre température aux alentours de 37degrés, nos envies sexuelles primaires, notre alimentation y compris la boisson.
Il va tant bien que mal essayer de nous garder dans une situation de calme relatif, sauf en cas d’agression, ou d’attaque. Là, il va nous imposer une des trois réactions; Une agression majeure peut nous paralyser totalement. Mais à un moindre degré, et de façon très instinctive, nous pouvons fuir un danger, quand cela est possible, ou bien nous pouvons attaquer cet étranger qui nous menace, en décuplant nos forces de façon instantanée. Il faut bien insister sur le fait que ce que nous faisons par l’intermédiaire de ce cerveau est parfaitement irréfléchi. Il y a une absence totale d’émotions.
Nous évitons une voiture qui fonce sur nous par un écartement instinctif sans réflexion. C’est ce que ferait tout autre animal qui évite un coup de bâton. Avec le même cerveau reptilien, tout primitif. Le Paléocortex: C’est un autre étage de la structure cérébrale.

Le cerveau émotionnel

Sur un plan anatomique, il est clairement représenté par des structures connues et qui sont: l’amygdale cérébrale, l’hippocampe et l’hypothalamus, mais aussi un rhinencéphale. Ces composantes sont situées, pour l’essentiel, à la face interne des hémisphères cérébraux. Bien au-dessus du cerveau reptilien. C’est un cerveau capital pour nos émotions.
A telle enseigne que certains anatomistes le surnomment le cerveau émotionnel. Il s’est développé chez l’animal, dont nous sommes issus, entre trois cents et cent cinquante millions d’années. C’est notre caisse d’épargne sentimentale.. Gérant toutes nos émotions. Il est le réservoir de mémorisation de tout notre apprentissage, notre équilibre, en marchant comme dans notre station debout. Il va gérer nos sensations de joie, de chagrin, de désir, d’agressivité, de frustration enfouie au fond de nousmêmes; mais aussi notre colère, notre peur, notre sensation de tristesse.
Et bien plus c’est le siège de nos jugements de valeur, nos aprioris, et également de nos croyances religieuses. Car qui dit croyances religieuses, dit peur de l’au-delà de la mort. L’homme a peur de l’inconnu qui se passerait après sa disparition sur terre. Il mémorise les comportements désagréables, c’est-à- dire tout ce qui nous a un jour fait mal, et également les comportements agréables; nous nous souvenons forcément de ce qui nous a fait plaisir.
Nos comportements jaloux et de désir avec un événement vécu y figurent forcément. Il va gérer notre réaction naturelle, adaptée à un groupe humain auquel nous appartenons. Donc auprès duquel nous nous sentons en sécurité.
C’est exactement le comportement des mammifères vis-à-vis de leurs congénères. Comme une meute de loups. Et si certains groupes animaux vont développer leur cerveau olfactif afin de percevoir un ami et l’ennemi, l’homme va plutôt se baser sur l’ouie.
Nous réagissons sans beaucoup réfléchir, sans une logique face à un évènement en nous basant simplement sur le passé. Donc forcément l’expérience va compter en nous rappelant les différentes sanctions qui ont eu lieu; plaisir ou douleur. Comme nous pouvons simplement agir par instinct en faisant appel à notre cerveau reptilien, donc en descendant un étage, ou au contraire faire appel à l’étage supérieur et appeler au secours d’une certaine logique. Cependant nous insistons sur le fait qu’à cet étage, le sentiment religieux est majeur.
En poussant notre crainte de la mort, notre traumatisme, vers un étage supérieur qui pourrait donner une réplique à nos craintes par ce sentiment religieux, c’est-à-dire en fait en remettant notre sort entre les mains d’autrui; de crainte de ne point se perpétuer.. et de crainte d’avoir fait de mauvais choix.
(à suivre)
 
 
Pr Ahmed Dhieb* Professeur d’anatomie et de chirurgie. Anthropologue

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