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Le désert émotionnel : quand un enfant se coupe de ses émotions

  • Le désert émotionnel : quand un enfant se coupe de ses émotions

Au contraire de la cognition, objet d’investigations multiples, l’émotion fut singulièrement négligée par la neurobiologie. Depuis peu, encouragés par la découverte des fondements neuronaux de certaines fonctions cognitives, les neurobiologistes ont abordé de façon plus audacieuse le domaine des émotions.
Pourquoi un intérêt si tardif ? 
Un héritage culturel malheureux a longtemps scindé la cognition et l’émotion, le cerveau et l’esprit. Les émotions, confinées au domaine de la psychologie et des maladies mentales, ont été clivées des sciences neurologiques.

Alors que disent la science quand il s’agit des émotions des enfants, de nos enfants ?

Pour mieux comprendre et accompagner les enfants dans la gestion de leurs émotions, il me semble essentiel de connaitre la façon dont se développent les différentes formes de compétences dans le cerveau humain.
Notre cerveau est organisé en différentes parties qui font chacune un job différent. C’est un peu comme si nous avions des personnalités différentes qui cohabitent dans nos petites têtes.Un hémisphère gauche, logique, réfléchi et un hémisphère droit, affectif, non verbal. La partie gauche du cerveau nous aide à penser de manière logique, à organiser nos pensées et à les exprimer verbalement par des phrases. La partie droite nous aide à vivre des émotions et lire des signaux non-verbaux qui nous permettent de communiquer par l’expression du visage, les échanges de regard, etc. C’est le cerveau de l’intuition, de tout ce qui lié à l’affectif, aux émotions.Une partie basse, primitive, siège de nos émotions et une partie haute pour les gérer..!
Lorsque nos enfants ont peur, qu’ils sont angoissés, leur système reste bloqué sur le mode « alarme ». C’est la raison pour laquelle c’est souvent à ce moment-là que nous, les parents, nous ne comprenons pas pourquoi nos enfants ne nous écoutent pas car notre système à nous est déjà en mode « tout est ok ». Nous avons alors tendance à nous énerver et à essayer de « raisonner » nos enfants parfois en les humiliant.
C’est pour cette raison qu’il ne faut  jamais perdre de vue que l’enfant n’est pas un adulte en réduction mais bien un être en construction, “les structures et les réseaux cérébraux [de son cerveau ne sont donc] pas encore suffisamment fonctionnels”.  Son cerveau est alors  “fragile, malléable, vulnérable et  immature”. C’est pourquoi, ce que nous interprétons souvent comme des caprices ou des troubles du développement pathologiques chez les enfants sont en fait la conséquence de l’immaturité de leur cerveau.
L’enfant se retrouve régulièrement en proie à de véritables “tempêtes émotionnelles” qui le submergent et qui donnent lieu à des comportements impulsifs/réflexes initiés par le cervelet (cerveau reptilien/archaïque) seule partie mature de son cerveau.
Lorsque l’enfant n’est pas consolé, rassuré, pris en compte dans son émotion, son cerveau va sécréter de façon excessive des molécules de stress (cortisol, adrénaline…) extrêmement toxiques pour son cerveau en développement. C’est pourquoi, il est particulièrement important de faire preuve d’empathie. Envers soi-même d’abord (sentir et comprendre nos propres émotions) et envers son enfant (entendre, ressentir, comprendre ses émotions):

  • Exprimer ses émotions est toujours bénéfiques (exprimer ses émotions négatives contribue à apaiser la sécrétion de molécules de stress, par l’amygdale cérébrale, qui est le centre de la peur)
  • Exprimer ses propres émotions devant son enfant
  • Aider l’enfant à exprimer ses émotions et à les reconnaître.

Toutes les colères sont légitimes, elles ne sont jamais volontaires ni préméditées (l’enfant ne fait pas une colère, il est en colère). Il est important que l’émotion puisse s’exprimer, être reconnue et acceptée par l’adulte. L’enfant a parfaitement  le droit d’être en colère, d’avoir peur, d’être triste… C’est en apprenant à nos enfants à vivre avec leurs émotions (et non à les réprimer) que nous leur permettons de développer leur intelligence émotionnelle, qui correspond à

« l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres » 

(Mayer &Salovey, 1997).

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