- société
Les répercussions de la crise socio-économique sont aussi bien orchestrées que la marche forcée du carnaval politique qui dure depuis des mois en Tunisie. Cette cacophonie ambiante apporte de lourdes conséquences sur le conscient collectif Tunisien pour le conduire vers le marasme social sans équivoque. En effet, le tunisien ne sait plus à quel saint se vouer, il broie du noir, ne voit pas le bout du tunnel et perd sa boussole dans une sorte d’écholalie de la société actuelle.
C’est ce que vient confirmer les derniers recensements du nombre de consultations psychiatriques en Tunisie, qui connait une importante augmentation allant de pair avec une consommation accru d’antidépresseurs, sans doute un acquis post révolutionnaire inédit.
A l’heure actuelle, la dépression est justement cette nécrose de la cellule sociétale qui ne cesse de s’étendre touchant 350 millions de personnes dans le monde selon l’organisation mondiale de la santé (OMS). Cette affectation témoigne d’une grande souffrance résultante d’une concomitance des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.
La symptomatologie dépressive reste variante selon les spécificités individuelles et sociales auxquelles se rattache la personne affectée. Cependant, le diagnostic s’impose face à la récurrence du sentiment de fatigue, de l’irritabilité, de l’humeur macabre et dépressive, des troubles du sommeil à type insomnie, de la perte de l’appétit, des difficultés de concentration et des tentatives de suicide.
Sacrément démuni de son élan vital, le Tunisien échoue à arriver à bon port et voit sa barque prendre l’eau de tous côtés. Les politiciens sur l’échelle nationale déçoivent, le provisoire ne leur réussit pas, les fondements d’une société conciliante sont à réédifier mais les échafaudages finissent par s’écraser face à l’impossibilité de répondre aux besoins primaires d’un côté, l’incapacité à rendre justice et l’impuissance face la criminalité bancaire d’un autre.
Les dommages collatéraux ne se font pas prier, une montée des frustrations et de la violence face au chaos sécuritaire figure désormais comme les piliers d’un malaise général et diffus. En chœur, le dernier World Happiness Report 2013 dont la finalité est justement de mesurer le bien être des individus et de déterminer les critères cibles dans la mesure du bonheur, postule que
Cela relève plus que jamais d’une responsabilité commune des dirigeants, pour qui la santé mentale semble être le cadet de leurs soucis. La métamorphose des états d’âme d’un peuple n’est aucunement négligeable et cela nécessitera une étude socio-psychologique en bonne et due forme afin de relever les données les plus pertinentes quant aux causalités et à la symptomatologie d’après coup en période de crise. Il n’en demeure pas moins que les séquelles générées par l’instabilité du climat général continuent à nourrir la labilité émotionnelle du Tunisien, qui se retrouve dans le réactionnel mais aussi dans une dynamique traumatique en vouant un privilège à l’agressivité et au violent.
Le bien être psychologique d’une population est bel et bien un baromètre irréfutable, un miroir reflétant une stabilité économique et politique du pays et aucun changement n’émanera foncièrement sans les pensées dérangeantes et innovatrices et cela afin de restituer la conscience du peuple et lui assurer un tremplin pour son épanouissement matériel et psychique.
Frida Ben Attia