- société
Femmes Maghrébines
Après la dernière campagne de #Winou_El_Pétrole ? (où est passé le pétrole), nous voici aujourd’hui confrontés à une nouvelle campagne qui divise, encore, le plus tunisien : #Je_ne_pardonnerai_pas.
A l’origine de cette campagne, le nouveau projet de loi initié par la présidence de la République et qui concerne les hommes d’affaires et les fonctionnaires impliqués dans des affaires de corruption datant de l’avant Révolution. En effet, et voulant accélérer la réintégration de ces personnes dans la roue économique nationale, la présidence de la République a mis en place un projet de loi qui frôle le processus de la justice transitionnelle, monopolisé par l’Instance Vérité et Dignité. Lors d’un débat organisé par Dar Assabah autour de ce projet de loi, le chef du cabinet présidentiel, Ridha Belhadj a expliqué que la présidence de la République a voulu, de part ce texte de loi, séparer le volet économique du volet des droits de l’Homme. C’est-à-dire que l’Instance Vérité et Dignité continuera à traiter des dossiers des tortures et ce qui va avec et que la commission qui sera formée suite à l’adoption du projet de loi de la réconciliation économique et financière s’occupera des dossiers des fonctionnaires et des hommes d’affaires. Alors que l’IVD prendra cinq années pour finir son travail, la commission de la réconciliation économique n’en prendra que trois mois, toujours selon les affirmations de la présidence de la République.
Seulement voilà, plusieurs partis politiques et composantes de la société civile se sont violemment opposés à ce texte estimant qu’il aidera uniquement les hommes d’affaires corrompus à blanchir leurs argents sales tout en permettant à la machine de l’ancien régime de se réinstaller.
Le premier septembre, quelques dizaines de personnes se sont rassemblés devant le siège de l’UGTT afin de contester le texte de loi. Le rassemblement a été violemment repoussé par les forces de la police et des arrestations ont été effectuées. Le lendemain, quelques députés du Front Populaire ont manifesté contre ces violences policières. Là aussi, les manifestants ont eu à traiter avec les dépassements de la police.
Suite à tous ces incidents, Ettakatol, Al Jomhouri, le Courant démocratique, l’Alliance démocratique, mouvement du peuple, et le Front populaire ont appelé à une grande manifestation le 12 du mois courant à l’avenue Habib Bourguiba à Tunis et dans toutes les autres régions. Réagissant à cet appel, le ministère de l’Intérieur a non seulement interdit la manifestation mais, en plus, il a publié un communiqué informant l’opinion publique de l’interdiction de tout type de circulation à l’avenue Habib Bourguiba et ce durant six jours. Cette réaction du ministère n’a pas tardé à suscité la révolte des jeunes qui ont promis d’être présents, samedi, par centaines.
La loi de la réconciliation économique et financière compte plusieurs partisans et différents détracteurs. L’emploi de la force policière ne fait qu’alimenter la polémique autour d’un texte qui pourrait être calmement discuté par toutes les parties surtout que la présidence de la République ne cesse de répéter qu’elle est prête à toute modification sur ledit texte. Il serait utile de noter ici que le projet de loi a été, aujourd’hui même, déposé auprès de la commission de la législation générale au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple. A ce sujet, le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a indiqué que ladite commission n’examinera le projet de loi de la réconciliation économique et financière qu’au moment opportun.
Ghalia Ben Brahim