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L’Iran: Une appli pour dénoncer les femmes qui ne portent pas le voile

  • L’Iran: Une appli pour dénoncer les femmes qui ne portent pas le voile

L’Iran s’appuie de plus en plus sur la surveillance électronique et le public pour s’informer sur les femmes qui refusent de porter le voile obligatoire en public, alors même que les partisans de la ligne dure réclament des sanctions plus sévères pour celles qui protestent contre cette loi, selon un rapport des Nations unies publié vendredi.

Les conclusions de la mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République islamique d’Iran font suite à la détermination, l’année dernière, de la responsabilité de la théocratie du pays dans les «violences physiques» ayant conduit à la mort de Mahsa Amini.

Sa mort a déclenché des manifestations nationales contre les lois sur le port obligatoire du hijab et la désobéissance publique, qui se poursuit encore aujourd’hui, malgré les menaces d’arrestation violente et d’emprisonnement

Une appli pour dénoncer les femmes qui ne portent pas le voile

Depuis 2024, la République islamique a renforcé les mesures policières et les poursuites pénales à l’encontre des femmes qui défient le port obligatoire du hijab, selon l’enquête des Nations unies. Une politique appuyée à l’aide de moyens technologiques variés, mis en œuvre pour accentuer le contrôle de la tenue des femmes. Concrètement, plusieurs outils sont utilisés par le régime dans cet objectif. Les caméras de surveillance des grands axes routiers font ainsi office de vigie pour accélérer la répression des habitantes qui ne porteraient pas le voile. Une université de Téhéran a aussi mis en place un système de reconnaissance faciale pour repérer les étudiantes qui refuseraient de le vêtir.

Mais d’après les conclusions de ce rapport, le pouvoir iranien va encore plus loin. Au printemps dernier, un système de surveillance aérienne par drone a été déployé dans la capitale et dans le sud du pays pour arrêter les femmes dénuées de voile. Une application, dénommée Nazer, a aussi été mise à jour dans « les ambulances, les transports en commun ou les taxis » pour surveiller les femmes. Des « personnes autorisées » peuvent directement signaler des infractions constatées dans les véhicules privés. Un cran de plus franchi, démontrant la volonté d’une mainmise totale du régime vis-à-vis des Iraniennes.

Six exécutions extrajudiciaires prouvées

Le mouvement « Femmes, vie, liberté », qui avait défié ouvertement les autorités après la mort de Mahsa Amini, ne semble avoir permis aucune avancée dans la politique iranienne vis-à-vis des femmes. « Depuis deux ans, l’Iran refuse de reconnaître comme il le devrait, les revendications d’égalité et de justice qui ont nourri les manifestations de 2022« , déplore Sara Hossain, présidente de la mission d’enquête. Un constat résumé par le rapport : « La criminalisation, la surveillance et la répression continue des manifestants, des familles des victimes et des survivantes, en particulier des femmes et des filles, sont profondément préoccupantes.« 

En deux ans de travail, ce groupe d’experts de l’ONU a également recueilli la preuve de six exécutions extrajudiciaires, concernant trois enfants et trois adultes. Ces mises à mort avaient été auparavant présentées comme des suicides par Téhéran. Plusieurs cas de violences sexuelles en détention, y compris des viols et des viols collectifs, ont aussi été identifiés par cette mission spéciale, qui a recueilli plus de 38.000 éléments de preuve durant son enquête.

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