Une nouvelle étude publiée dans le Journal of Pediatrics révèle que le coronavirus et les anticorps pourraient coexister chez les jeunes patients atteints du Covid-19.
Covid-19 : virus et anticorps pourraient coexister chez les enfants
Avant de faire cette découverte, les chercheurs voulaient simplement comprendre combien de temps il fallait aux enfants pour éliminer le virus de leur organisme et à quel moment ils commençaient à fabriquer des anticorps. Les scientifiques ont donc analysé une rétrospective portant sur 6.369 enfants hospitalisés pour cause de Covid-19 et ont suivi 215 d’entre eux. Parmi ces derniers, 33 ont subi des tests de dépistage de la maladie.
Surprise : 9 d’entre eux étaient non seulement positifs au virus, mais avaient aussi développé des anticorps. « Avec la plupart des virus, lorsque vous commencez à détecter des anticorps, vous ne détectez plus le virus. Mais avec la Covid-19, nous voyons les deux (…) Cela signifie que les enfants ont encore le potentiel de transmettre le virus même si des anticorps sont détectés », explique Burak Bahar, principal auteur de l’étude. Des résultats qui posent donc question sur la contagiosité des enfants.
Covid-19 : une charge virale élevée chez les enfants
Une étude publiée en août dans le Journal of Pediatrics s’était intéressée au rôle des enfants dans la transmission du virus.
Pour les besoins de ces travaux, les chercheurs ont suivi 192 enfants hospitalisés âgés de 0 à 22 ans. 49 d’entre eux ont été testés positifs à la Covid-19 et 18 autres enfants avaient une maladie tardive liée à la Covid-19. Les chercheurs ont constaté que enfants infectés présentaient un niveau de virus dans les voies respiratoires significativement plus élevé que les adultes hospitalisés dans le même hôpital.
« Je ne m’attendais pas à ce que la charge virale soit si élevée. Vous pensez à un hôpital et à toutes les précautions prises pour traiter les adultes gravement malades, mais la charge virale de ces patients hospitalisés est nettement inférieure à celle d’un enfant ‘en bonne santé’ qui se promène avec une charge virale élevée », explique Lael Yonker, principal auteur de l’étude.
Le risque de transmission de la Covid-19 étant plus grand avec une charge virale élevée, cette étude confirme le rôle important des enfants dans la transmission du virus..
10 à 100 fois plus de matériel génétique du virus chez les enfants
Une étude parue fin juillet dans la revue JAMA Pediatrics nient de confirmer le rôle des enfants dans la propagation de la Covid-19. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont suivi trois groupes : le premier était composé de 46 enfants de moins de cinq ans, le second de 51 enfants et adolescents âgés de 5 à 17 ans et le dernier de 48 adultes âgés de 18 à 65 ans. Tous les participants étaient positifs à la Covid-19.
Pour évaluer le taux de matériel génétique de chaque participant, ils ont été soumis à des tests PCR, qui consistent à prélever des cellules au fond du nez à l’aide d’un écouvillon. Résultat : le niveau de matériel génétique du virus présent dans le nez d’enfants de moins de cinq ans était 10 à 100 fois plus élevé que celui trouvé chez des enfants plus âgés et des adultes.
« Nos analyses suggèrent que les enfants de moins de 5 ans atteints de Covid-19 légère à modérée ont des quantités élevées d’ARN viral du Sars-CoV-2 dans leur nasopharynx par rapport aux enfants plus âgés et aux adultes », expliquent les chercheurs. « Ainsi, les jeunes enfants peuvent potentiellement être des facteurs de propagation du Sars-CoV-2 dans la population générale », concluent-ils.
Contagiosité des enfants : un sujet qui fait encore débat
Mais la question de la contagiosité des enfants fait encore débat. Une étude menée en Ile-de-France par 27 pédiatres du 14 avril au 12 mai sur 605 enfants et révélée par Le Parisien en juin dernier dévoilait que jusqu’à 15 ans, les enfants sont peu contagieux. Plus surprenant encore : ce sont les adultes qui leur transmettent le coronavirus, et pas l’inverse !
Des conclusions qui confirment non seulement que les enfants sont moins touchés par le Covid-19, mais également qu’ils transmettent peu le virus. Pour expliquer ces deux phénomènes, le Dr Robert Cohen, pédiatre, infectiologue et co-auteur de l’étude, a livré plusieurs pistes au Parisien : les enfants ont moins de récepteurs du virus sur la muqueuse nasale, ce qui limite les risques de contamination. Ils se défendent également mieux que les adultes contre les infections car ils y sont souvent exposés (immunité croisée), mais aussi parce qu’ils ont le nez qui coule en permanence (immunité entraînée). Et si les enfants transmettent peu le virus, c’est entre autres parce que leurs gouttelettes de salive ne parviennent pas à la hauteur des adultes, en raison de leur petite taille.