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(Ghada) victime de harcèlement sexuel : " j’ai compris, enfin, le secret de leurs regards brisés !! "

  • (Ghada) victime de harcèlement sexuel  :  " j’ai compris, enfin, le secret de leurs regards brisés !! "

 
Dans une société machiste, telle que la notre,le sujet de l’harcèlement sexuel condamne (encore) la femme. Qu’il soit explicitement ou implicitement, on fait passer toujours le message que la femme victime de l’harcèlement sexuel, à participé d’une manière ou d’une autre à la provocation de ce crime.
(Ghada) qui est venue nous confier son malheur, nous a raconté comment elle est tombée dans le piège de son directeur, malgré toutes ses précautions.
« Je l’ai connu dans un entretien d’embauche, je cherchais un boulot à l’époque et je l’ai appelé pour déposer une candidature spontanée. Très vite il m’a accordé le rendez vous et je me suis retrouvée le lendemain dans son prestigieux bureau entrain de boire un café.
Galant, cultivé, très gentil, monsieur M.H ne pouvait que m’impressionner dès le premier rendez vous. Nous avons parlé de tous, de la culture, de la politique, du terrorisme et de l’économie, son domaine d’expertise…. Au bout d’une heure j’étais dans le bureau de madame la comptable entrain de signer mon contrat CDI avec le plus beau salaire que je pouvais rêver.
Tout était majestueux, et avait l’air très organisé. Tous les employés étaient des femmes, mais je sentais l’odeur de la trahison, toutes les femmes qui étaient très bien habillées, avaient une chose commune, un regard brisé et un sourire très pale qui cachait un secret.
Je  ne voulais pas laisser de la marge à mon imagination qui me faisait  des scénarios dans un essai d’expliquer le regard mystérieux de ces employées.
Je commençais  à travailler, il commençait à me donner des faveurs, un crédit auto, une voiture de rêve que j’ai conclu son contrat de paiement très à l’aise sur quinze ans (merci mon directeur qui ne veut pas alourdir mes charges mensuelles) .
Encore quelques mois, un autre crédit (mais là, c’est très généreux !!!) : il me demandait d’aller choisir un appartement dans la meilleure résidence de la Tunisie,  puis, il ne fallait que toute une petite signature de sa part pour octroyer un crédit de 250 milles dinars, et  je devenait  la propriétaire de  l’appartement…
Tout ça passait très vite et bout de six mois, je devais à mon directeur très généreux 300 milles dinars, à payer aisément sur 25 ans. Le montant de remboursement dépassait les trois quart de mon salaire, mais rien d’alarmant, puisque  je pourrais compter sur les primes pour vivre.
D’ailleurs, c’est sur ces primes que comptaient toutes mes collègues, mais je devais juste connaitre la contre partie et comment faire pour bénéficier au maximum des ces primes.
Un jour, mon « cher » directeur me demandait d’aller déjeuner avec lui, chose très courante dans notre travail qui se posait sur les contacts et les négociations hors bureau. A table il me faisait ses éloges habituelles qu’il faisait avec toutes les femmes, sorte de galanterie, et puis il commença à me parler de sa vie privée, de ses douleurs, de sa solitude, après …un petit moment d’arrêt… il me disait : « je t’aime ».
Surprenant de sa part, lui, qui faisait la part des choses, je n’arrivais  pas à dire un mot, mais lui, il n’attendait pas ma réponse, il me parlait sans arrêt, de ma beauté, ma féminité, ma gentillesse, il me suppliait pour accepter d’être sa bien aimée, d’accepter ses sentiments en me rassurant qu’il ne demandait rien sauf quelques moments ensemble.
 
Heureuse, je revenais à mon bureau avec des rêves d’adolescente…je savais pas le cauchemar commença ce jours là.
Brutalement, sans une cause bien claire, il changeait de comportement, il devenait très sec, n’acceptait pas les plaisanteries qu’il adorait avant, minimisait les conversations…un jour il  venait dans mon bureau pour me demander de venir travailler le samedi, le jour de congé.
J’ai oublié de vous dire, que pendant ce jour de congé, mes collègues venaient en « permanence », chaque samedi, à tour de rôle , suivant un emploi bien déterminé à l’avant, et que c’est en fonction de leurs rendement s pendant cette journée qu’elles recevaient leurs primes!!!!
Quant je demandait mon tour, mon directeur me disait qu’il était encore tôt, et que je devais prouver ma performance pour faire partie de l’équipe.
Quant il me demandait de venir travailler samedi, je ne croyais pas mes oreilles, (je vais commencer à recevoir mes primes dont j’avais besoins, vu que je n’avais presque pas de salaire à cause de mes crédits de 25 ans).
Le samedi, je suis allée comme d’habitude, me préparant depuis la veille pour un rendement de fou, mais il a juste oublié de mentionner le domaine dans le quel je devait prouver ma performance !!
A huit heure du matin, j’ai sonné, déjà il était au bureau, m’attendait avec impatience, un look sport, chic, provoquant même, il était très doux.
Seuls au bureau, et sans aucune introduction, il me prenait entre ses bras et commençait  à m’embrasser, assoiffé, comme un véritable amoureux. Je le poussais violemment et j’essayais de lui convaincre que mes principes sont intouchables.
Il m’a répondu calmement, en reprenant  ses soupirs comme s’il venait de terminer une course « toutes disaient la même chose au début, en suite elle s’habituaient, ma chère collaboratrice, si tu veux garder tes principes, tu dois me payer les 300 milles dinars, c’est vrai que les valeurs coûtent chers, n’est ce pas »
Sans dire un  mot, je prenais mon sac pour quitter,
En sortant je l’ entendais me dire :
La prochaine fois tu dois être plus compétitive sinon tu vas rester longtemps attendre ton tour.
Dans l’ascenseur, je riais très fort,  enfin j’ai compris le secret de leurs regards brisés. »

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