- société
Par Rim Ouerghi
Le mois de ramadan est un mois très cher au cœur des tunisiens. Très attendu par les petits et les grands, il est synonyme de spiritualité, de piété, de pardon, de réunions familiales, de partage et de générosité.
Ce mois sensé nous rapprocher des autres et nous faire partager le sentiment de privation des plus démunis à travers le jeune, se transforme en un mois d’excès en tous genre… la consommation des produits alimentaires se voit monter en flèche, on achète avec frénésie et compulsion et l’empathie, le détachement se transforment en avidité et gaspillage.
On est tous d’accord (ou presque) que ramadan devient de plus en plus une affaire de société plutôt qu’une affaire de religion. Ramadan signifie en premier lieu, « kadhiet romdhane », un phénomène de plus en plus généralisé et qui peut commencer même un à deux mois avant le mois saint, des vagues humaines envahissent les grandes surfaces et les supermarchés pour se procurer des aliments pouvant leus servir pendant une année et plus.
Une fois le mois saint arrivé, le show commence, des gens hyper stressés dans la rue, prêts à perdre tout contrôle d’eux même à tout moment (le phénomène de « mhachech »), des visages tristes et pâles, des mines grisées. Dans les bureaux, le rythme de travail est très ralenti voire même paralysé , une majorité des employés est en retard ou carrément absents. Un mois saint se rtansforme en mois au service du sommeil, du « tkarkir », et de la surconsommation.
Après « el iftar » , les festivités commencent. Où sortir, est la question sur toutes les lèvres, les endroits les plus branchés se déguisent en une décoration orientalisée célébrant « le mois saint », des tables basses, des poufs, des chichas et du maalouf constituent les piliers de ce qu’on appelle « l’ambiance ramadanesque ». Les samsas, ktaiefs et autres madmouja envahissent les tables, sans oublier bien sur la fameuse bouza pour le shour , la véritable empreinte du ramadan.
Mais le mois de Ramadan, est sensé être bien loin de tout ça, beaucoup plus simple et beaucoup plus profond. Ramadan, est un petit exercice avec soi même pour apprendre le détachement, l’une des choses les plus difficiles qui soient. Nous résistons parce que nous avons peur de perdre l’objet de notre attachement. Ramadan est un défi avec soi même ; se priver des choses qu’on aime, se priver pendant de longues heures des choses que nous jugeons même nécessaires pour vivre, c’est apprendre à se libérer de tout ce qui nous entrave, le but de ramadan, c’est de se priver des choses matérielles pour se tourner vers le sens spirituel de l’existence.
Ramadan, c’est un défi avec soi même, pour nous transformer de l’intérieur, nous changer, nous élever, nous faire progresser sur les chemins la spiritualité, nous faire réconcilier avec nous même ; et si on passe nos journées à se plaindre de la faim et de la fatigue, à trainer au boulot parce qu’on souffre du manque de cette tasse de café incontournable, c’est que le défi est perdu, même si on passe trente jours à nous affamer.