- société
‘Mes filles, mes garçons’… c’est comme si on était condamné à la stagnation des discours politiques du siècle dernier…
On l’a compris le jour où on l’a vu portant le même modèle de lunettes de soleil : Béji Caïd Essebsi veut ressembler à Bourguiba. Tout son projet politique postrévolutionnaire n’a tourné qu’autour de cela. Mais à quel point Essebsi peut-il ressembler à Si Habib ?
La réponse se trouve peut-être dans l’attitude des deux hommes par rapport à leur fils : tandis que Mehdi Bourguiba a été écarté, sauvagement même, de la sphère du pouvoir, Hafedh Caïd Essebsi dispose du soutien inconditionnel de son père qui se veut père de tout le peuple tunisien.
Comment peut-on être sûr que Béji soutient son fils ? En suivant le dernier passage télévisé de notre président de la République bien évidement ! Mais avant cela, revenons un peu à la crise qui ravage Nidaa Tounes depuis plus de huit mois.
Cela a commencé quand Béji a dit ‘ce qu’on appelle bureau exécutif’, avant qu’il n’enchaîne et dise ‘il n’existe aucune structure élue au sein du mouvement’ pour finir par ‘la seule structure légitime au sein de Nidaa Tounes est le comité constitutif’.
On ne souhaite prendre le parti de personne mais il faut rappeler ici qu’en mars dernier, et quand la crise a commencé à pointer le bout de son nez, le comité constitutif et le bureau exécutif du mouvement ont pris la décision d’élire un bureau politique. Composé des membres ELUS du bureau exécutif et des membres du comité constitutif, ce bureau politique devait prendre les rênes du mouvement jusqu’à la tenue de son premier congrès national. Le congrès en question devait être électif et, à l’époque du moins, personne ne parlait d’un congrès constitutif.
Lors de son intervention d’hier, Béji Caïd Essebsi a assuré qu’un congrès constitutif ne prendrait qu’un mois voire un mois et demi de préparation tandis qu’un congrès électif demande, au mois, une année de préparation. On se demande comment cela a été calculé !
‘Je n’ai pris l’avis de personne, personne n’en a été avisé’. Cela a été répété deux fois par le chef de l’Etat qui a voulu expliquer que cette initiative émane de lui personnellement et qu’aucune partie prenante de la crise en question n’en a été avisée. Oui mais monsieur le président, cela ne nous rassure point ! On vous que consultiez, que vous demandez des avis etc. Sinon, quel serait le processus démocratique qui vous tient à cœur et pour lequel vous avez appelé l’UTICA et l’UGTT à cesser les batailles ?
Béji Caïd Essebsi a parlé, Béji Caïd Essebsi a déçu. Il a déçu ceux qui ont voté pour le personnage charismatique, lucide et visionnaire qu’il était avant les élections. C’est comme si le passage d’hier l’a tout simplement mis à nu…
Ghalia Ben Brahim