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Trois journalistes du quotidien Attounssia en grève : Encore un domaine discriminant la Femme…

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Par Ghalia Ben Brahim
Trois consœurs travaillant au sein du quotidien Attounssia observent une grève depuis lundi dernier. Les causes reviennent au directeur de l’institution qui, selon les dires des trois grévistes, les traite d’une manière frôlant l’esclavage.
Femmesmaghrébines.com s’est rendu sur les lieux de la grève, au local du journal, afin d’avoir des clarifications quant à cette situation qui risque de durer encore pour quelques temps. Imen Hamdi, l’une des journalistes ayant pris l’initiative de lancer la grève, nous a confié que le problème remonte à quelques mois déjà.
« Le 21 mars dernier, le rédacteur en chef a pris l’initiative d’ajouter un paragraphe d’éloge à un résumé du discours du président de la République tout en le signant par mon nom. Suite à cela, j’ai de suite contacté le Syndicat des journalistes tunisiens dont le président a contacté le quotidien. Le rédacteur en chef s’est excusé via un billet publié le lendemain de l’affaire tout en appelant le SNJT de ne pas interférer dans les affaires internes de la société. C’est suite à cet incident qu’on est sujettes d’harcèlement. Avoir contacté le SNJT a été considéré comme une erreur fatale et le boss nous guettait depuis. Après, il y a eu le problème du pointage : pour chaque quinze minutes de retard, la moitié de la journée n’est pas payée, pour une demie heure de retard, toute la journée n’est pas payée. Cette ‘règle’ ne prend bien-sûr pas en considération le fait que le journaliste écrive son papier et que ce dernier soit publié le lendemain. Au bout d’un moment, nous nous sommes dit que cela ne pouvait plus continuer et que pointer juste à l’heure de la sortie était amplement suffisant. Nous avons rédigé une demande officielle à l’administration dans laquelle nous avons demandé, entre autres, une nouvelle règle de pointage. Après l’émission de cette requête, nous avons eu un interrogatoire administratif qui a résulté d’une mise-à-pied de trois jours non-payés cela sans compter la décision de soustraire de nos salaires tous les jours où on n’a pas pointé à l’entrée. Il est utile ici de noter que le directeur retient en otage le salaire de toute personne refusant de se pilier aux règles qu’il impose lui-même. Face à son refus de négocier, nous avons décidé d’observer cette grève. Lundi matin, à son arrivée devant le local, notre collègue s’est faite agressée physiquement par un type que le directeur a ramené spécialement pour cette intimidation. Nous avons ramené un huissier de justice qui a noté les dégâts physiques de notre collègue qui a aussitôt porté plainte. »
De son côté, Basma Ouear, une autre gréviste, a expliqué que le quotidien a été bâti grâce aux efforts de ses journalistes qui se sont sacrifiés pendant des années pour que la société puisse être mise sur pieds.
« Après de longs efforts, voici comment on est remerciés aujourd’hui. A l’époque, on nous disait que nos primes et notre CNSS nous serons rendus dés que la boîte arrive à s’affirmer dans le secteur. Aujourd’hui, il nous accuse d’enfreindre la loi. Quelle loi ? Celle de la jungle ? Celle qu’il met lui-même en place selon ses propres intérêts ? Ici, même les salaires ne sont pas accordés d’une façon équitable. Cela dépend en fait de la relation que chacun entretient avec le directeur. Il ne nous rencontre que pour nous humilier et nous dire que nous ne valons rien. Notre dignité en tant que journalistes a été froissée. J’étais rédactrice en chef avant de travailler ici, mes collègues travaillaient dans des sociétés correctes et certains d’entre eux étaient titulaires. Il a tout fait pour que nous le rejoignons dans ‘son aventure’ et regardez où nous en sommes aujourd’hui… »
A la question de si elles étaient soutenues par les confrères travaillant au sein de la même société, les trois journalistes nous indiqué que quelques-uns les ont soutenu et que d’autres ont eu peur de se voir perdre leur boulot. Et d’ajouter que cette grève représente les requêtes de tous les journalistes du quotidien Attounssia.
Les trois grévistes ont assuré cependant que le soutien des autres journalistes les a agréablement surprises. Pour finir, les trois consœurs ont tenu à signaler que la discrimination contre la femme se ressent aussi et surtout quand cette dernière observe une grève. « Si cette grève était observée par des hommes, vous aurez vu les couvertures médiatiques et politiques, mais là, comme nous sommes toutes des femmes, cela prend automatiquement moins d’importance. »
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