
- société
Par Pr. Chokri Mamoghli
C’est un Mehdi Jomaa maladroit, gêné, cherchant ses mots parlant alternativement en arabe, en français, la bouche sèche, souriant sans aucune raison, nerveusement, déclarant qu’il allait annoncer sa décision à la fin de son intervention puis nous en faisant part quelques phrases plus tard, auquel nous avons eu mercredi, en début de soirée.
L’annonce a pris par la suite, la forme d’une mini conférence de presse imprévue et écourtée d’autorité. Il a eu juste le temps d’esquiver une question sur l’identité des personnes qui récoltaient des signatures en son nom et de parler, hors de propos, de lutte contre le terrorisme!!?
De deux choses l’une. Ou bien cet épisode est une manifestation de la qualité plus que médiocre de la communication gouvernementale, ou bien elle traduit une évolution des évènements beaucoup subie que maîtrisée.
Dans le premier cas, l’annonce en pleine nuit, de l’intervention de Mehdi Jomaa ferait partie d’une stratégie de « Teasing ». Il s’agit d’une communication en deux temps où l’on commence par aguicher le consommateur, par susciter sa curiosité, avant de lui envoyer le message final. C’est par exemple, Apple nous annonçant qu’elle organisera un show afin de dévoiler un produit quelconque. Le problème est que dans ce cas le message doit être positif et non pas un démenti, un non-évènement. Imaginons Apple organisant un « event » pour nous dire « circulez, il n’y a rien à voir » !!!
La deuxième explication est plus plausible. Mehdi Jomaa comptait réellement se présenter. Des personnes, dont l’identité doit être obligatoirement révélée, ont collecté pour lui des signatures à travers tout le pays. Maladroitement, ici et là, des parties, des partis, parmi lesquels Ennahdha, ont commencé à parler de la candidature de ce monsieur, le « Teasing » prend alors tout son sens. Il fallait susciter la curiosité afin d’annoncer à grand fracas la candidature de cet ex-ministre du gouvernement de Ali Laarayedh, entouré encore, aujourd’hui, de conseillers Nahdhaouis.
Il se trouve que le laps de temps qui s’est écoulé entre le communiqué nocturne, quasi-guerrier et la déclaration du chef du Gouvernement a été suffisant pour lui faire réaliser l’ampleur de la bourde, j’allais dire de la faute, qu’il allait commettre. Il a failli plonger le pays dans une crise gouvernementale à la veille d’élections organisées dans un contexte de quasi-guerre civile froide.
En fin de compte tout est bien qui finit bien. Juste un conseil à Mehdi Jomaa. Faites dans la simplicité. Pourquoi tout ce cinéma alors qu’un simple communiqué sobre, clair et précis aurait suffi? Si c’est de la com que vous avez fait durant ces derniers 48 heures, sachez que trop de com, tue la com. Pas de postures surfaites, soyez vrai. Les tunisiens ne sont pas des idiots et vous n’êtes pas en train de vendre des ipads.