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La politique vit-elle dans notre pays une crise aiguë ?

  • La politique vit-elle dans notre pays une crise aiguë ?

 
          Par DrRejebHaji*
 
« …une méthode qui est la nôtre depuis des décades : établir avec les masses un dialogue continu afin d’expliquer et de convaincre, d’informer et de former. L’adhésion des masses est en effet une condition « sine qua non » du développement et du progrès.»                               
                                                                                                                                Habib Bourguiba,  24 mai 1968.
 
Longtemps, j’ai hésité à répondre  à ces farfelus de Facebook qui trouvent dans ce créneau un espace  où ils fantasment de tout et de rien. J’ai choisi longtemps l’indifférence pour leur répliquer. Mais aujourd’hui, je reprends la plume pour défier ceux qui souillent  la réputation de notre Histoire, en se gargarisant de leur infime valeur.
Dans leurs propos,  ils ont outrepassé l’indécence et dépassé les lignes rouges. Faut-il leur rappeler qu’au pouvoir, certains responsables  ont trahi leurs bienfaiteurs ?  Dans la vie, ils ont falsifié leur curriculum vitae pour le paraître. Par leur conduite, ils ont fait perdre au pays des milliards et les dossiers pour certains ne sont pas clos. Encore  plus, pour valoriser leurs calculs pitoyables et sordides, ils s’attaquent à Bourguiba.
Profitant de l’Etat moderne que Bourguiba  a réussi à édifier et pour lequel  de vrais martyrs ont laissé leur peau sous sa conduite éclairée, des énergumènes veulent réécrire leur histoire. Celle des coulisses, d’où ils ont émergé, sans vergogne et sans pudeur. Ces tartufes de la politique retourneront à leur trou, dès que leurs protecteurs disparaîtront de la scène. Ils ont abîmé la Tunisie à telle enseigne que son bateau chavire.  Le commandant n’est plus là et les vagues de politicards, croyant en leur pérennité, se font de plus en plus menaçants. Entrés dans un gouvernement à composantes de coalition de partis politiques, certains y reviennent alors qu’ils étaient aux commandes et à l’origine de la débâcle économique, sociale et environnementale  du pays.
Les « nahdhaouis » qui reçoivent des dons, même des morts, comme cela était révélé par la Cour des comptes, se préparent dans l’ombre à revenir en force dans les responsabilités. Leur parti est toujours disposé à subir toutes les avanies, plutôt que de quitter le gouvernement. Il se contente même du peu! Il redoute  une marginalisation croissante dans le pays. Anxieux certains de leurs leaders s’accrochent comme le naufragé au radeau, tout plutôt que l’exil intérieur, en attendant que l’aggravation de la crise ou quelque événement imprévu comme ce deuxième procès fomenté à Bourguiba vienne à la rescousse de leur idéologie exténuée.Ses ténors viennent assister à l’audience.

Ce deuxième procès après celui du 9 Avril 1938 dont ils ignorent la teneur ! Que c’est triste de juger un mort. Encore, un fait unique de cette « exception tunisienne ».  Aucun précédent de ce genre n’a été rapporté par l’Histoire. Même Staline, Franco, ou Hitler ne l’ont été après leur disparition.
Faut-il plutôt s’occuper du pays et de son marasme économique qui le plonge dans la faillite dont ils assument une grande part de responsabilité! Ceux qui l’ont amené là où il est, doivent en rendre compte devant le peuple.

Les militants du parti Tunisie peuvent témoigner plus que les autres de leur engagement pour ce qu’ils croient  comme cause juste et qui mérite les sacrifices et pour laquelle ils vont voter. Fidèles aux engagements des martyrs, ils vont révéler, dans quelques mois une autre interface de la politique  qu’ils souhaitent voir réaliser dans leur pays. En effet, à l’heure des règlements des comptes où l’argent est intimement imbriqué à la politique et fait en sorte que  la bataille fasse rage par une course effrénée vers le pouvoir !
Les élections futures  donneront, il faut l’espérer, une véritable leçon aux populismes de toutes obédiences. Conscients que le pays est soumis à une dure épreuve, ils donneront  le signal que le politique doit se soumettre à l’exemplarité, à l’éthique de transparence et à l’obligation de contrôle. Ils mettront fin aux insoumis qui doivent rendre compte de leur gestion des organismes dont ils ont eu la charge et dont la cour des comptes a relevé déjà des inadéquations. Nous en sommes loin il est vrai, des contrôles pointilleux et rigoureux. A méditer la situation du pays aujourd’hui : le chômage aigu frappe toutes les couches sociales et surtout les diplômés du supérieur ; la croissance atone ne répond pas aux exigences d’une population qui s’appauvrit de plus en plus ; l’inflation galopante non maitrisée a fait voler le pouvoir d’achat en éclats ; l’endettement en continu dépasse toutes les limites du possible en hypothéquant l’avenir des générations futures ; les dépenses publiques crèvent les plafonds du raisonnable ; le noyautage de l’Etat par des forces occultes a semé le doute et instauré la méfiance ; la camarilla corrompue a élargi son champ d’audience ; le double langage et le peu de vision des gouvernants qui se sont succédé à la tête de l’Etat, n’ont pas rétabli la confiance. Toute la batterie d’indicateurs politiques, économiques, sociétaux, environnementaux et sécuritaires sont en berne. Comme conséquences de ces gouvernances, sans feuille de route, le pays est malade. Il vit dans la déprime et dans la peur du lendemain. Et la route du sauvetage du bateau à bon port est encore longue et la mer est encore très agitée. Le pays se désorganise profondément au profit d’une économie parallèle soumise au dictat du lobbysme de tout genre. Parler de compétitivité et exiger la qualité devient antinomique.
Mises à mal déjà par le choix de scrutin de liste qui favorise les partis politiques et surtout ceux qui sont les mieux structurés, les élections tant attendues vont-elles  mettre fin à ce désordre du transitoire qui dure dans notre pays ? Il faut l’espérer ! D’ailleurs le bilan de tous les gouvernements de ces huit années de galère n’est pas réjouissant et doit être passé au peigne fin par la prochaine gouvernance. En bref le pays va-t-il continuer à basculer dans l’inconnu sous l’influence d’une clique libérale, venue d’ailleurs, inexpérimentée et connaissant peu les rouages de l’Etat ?  L’objectif pour les prétendants futurs est d’être élus à n’importe quel prix et par n’importe quel moyen. Même si les querelles intestines semblent se taire en apparence. Plus grave encore, la guerre des chefs n’en finit pas. Au contraire, elle va s’accélérer de plus belle à l’approche des élections. La politique vit donc une crise aiguë dans notre pays.  Au duel des soi-disant égos s’ajoutent encore les problèmes financiers. Il est inutile de tourner autour du pot : Quelles sont les ressources et d’où proviennent-elles ? Pour certains, on parle de sommes astronomiques venues de l’étranger aider les amis qui partagent le même idéal ? On ne nous dit pas tout et aucune sanction n’est prise contre les contrevenants à la loi. quand allons-nous nous occuper des grandes réformes, celle de l’enseignement par exemple qui commande l’avenir ? Le système actuel est dépassé. Son  état est même inquiétant !
H.R.
 
*Dr d’Etat en économie, Dr en statistique, Diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris, Diplômé de l’Institut de Défense Nationale (4ième promotion), Chef de cabinet de Mohamed Sayah, Premier maire de Melloulèche …

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