Ce 15 juin 2020, Mediapart a publié une enquête édifiante sur Instagram, l’un des réseaux sociaux préférés des jeunes. Le média précise que deux tiers de l’audience globale du réseau ont 34 ans ou moins .
Leur enquête révèle que le « réseau social montre davantage aux abonnés les photos de personnes dénudées, poussant les utilisateurs à poster de telles images, afin d’atteindre le maximum d’audience ».
Pour expliquer ce phénomène, Mediapart invoque l’hypothèse que les photos dénudées seraient favorisées par l’algorithme d’Instagram.
Cet algorithme donne un « score d’engagement » à chaque publication, qui détermine le nombre de personnes la voyant apparaître dans leur fil d’actu.
Les critères sont tenus secrets par la firme, mais Mediapart s’appuie sur un brevet déposé en 2015 par Facebook, qui détient Instagram, pour tisser une hypothèse.
Selon ce document, le score d’engagement varierait en fonction de plusieurs critères.
Il y aurait, bien sûr, des critères qui relèvent des goûts personnels : si tu adores regarder des vidéos d’animaux mignons, ton fil d’actualité devrait vite s’en retrouver rempli !
Mais d’autres critères existeraient, comme « le genre », « l’ethnicité » ou « le niveau de nudité »
1,6 fois plus de visibilité en maillot de bain qu’en t-shirt
Ces résultats peuvent sembler paradoxaux dans la mesure où l’application Instagram bannit la nudité totale ou les images jugées obscènes, et défraie régulièrement la chronique en censurant des oeuvres d’art par exemple. Pourtant, elle encourage implicitement les photos en maillot de bain, sous-vêtements ou tenues de sport peu couvrantes ainsi qu’en témoignent les 1 737 publications analysées par les journalistes : « Une photo de femme en sous-vêtement ou maillot de bain est montrée 1,6 fois plus qu’une photo d’elle habillée ».
« L’interface de programmation peut évaluer le niveau de nudité des personnes sur une image, en détectant des bandes de couleurs spécifiques, identifiées comme des nuances couleurs de peau ».
Un algorithme bien pernicieux, qui n’a rien d’anodin, selon les auteurs de l’enquête : au contraire, « elle construit une ligne éditoriale implicite, permettant à certains comptes d’être dans la lumière, poussant d’autres dans l’ombre, influençant les modes d’expression et la vision du monde de chacun des utilisateurs ».