Au pays de Magon le Carthaginois, la valorisation des produits de terroir est plus qu’un
slogan. En effet, sous le chapiteau du projet PAMPAT (Projet d’accès aux marchés des
produits agroalimentaires et de terroir en Tunisie), la première phase de ce dernier qui s'est
étalée sur la période 2013 à 2019, a permis aux filières de niche de l’agriculture tunisienne de
passer à un nouveau palier. Et ce, à travers l'obtention de l’Appellation d’origine contrôlée
(AOC) pour la figue de Djebba, la mise en place du « Food Quality Label » pour la harissa
tunisienne et la contribution au développement du secteur de la transformation des figues de
barbarie, ainsi que l’instauration du « Concours tunisien des produits du terroir », une
compétition inspirée du modèle suisse et qui a vu le jour en 2017.
Financé par le Secrétariat d'Etat à l'Économie Suisse (SECO) et mis en œuvre en Tunisie par
l’Organisation des Nations-Unies pour le développement de l’industrie (ONUDI) en étroite
collaboration avec le ministère de l’Industrie, le ministère de l’Agriculture, l’Agence de
Promotion des Investissements Agricoles (APIA), le Centre de Promotion des Exportations
(CEPEX), le Groupement des Industries de Conserves Alimentaires (GICA), le Groupement
Interprofessionnel des Dattes (GIDATTES ) et le Groupement Interprofessionnel des Fruits
(GIFRUITS), la phase deux du Projet d’accès aux marchés des produits agroalimentaires et
de terroir en Tunisie, baptisée PAMPAT II, ambitionne de renforcer les capacités des acteurs
opérant dans quatre filières stratégiques retenues à savoir les dérivés de dattes , les grenades,
les figues de barbarie ainsi que les tomates séchées.
«Concernant la filière tomates séchées, le projet vise la création de la valeur ajoutée et la
génération de l’emploi à travers le développement des techniques de transformation ainsi que
l’appui pour la diversification des produits destinés à l’exportation», souligne Mme Lemia
Chekir-Thabet, experte principale en accès aux marchés du projet PAMPAT.
De ce fait, le programme s’articule autour de deux grands axes: l’amélioration de la
production, de la productivité, de la qualité et du produit final ainsi que l’accompagnement
pour la commercialisation.
Concernant le premier axe, plusieurs activités sont planifiées, pour assister les entreprises et
les nouvelles start-up à différents niveaux tels que l’accompagnement pour la mise en place
des Systèmes de Management Qualité et l’obtention d’autres certifications, l'amélioration du
produit, le développement des solutions d’emballage et d’étiquetage, la diversification de la
gamme des produits, la recherche de financements, etc.
«L’appui sectoriel pour la mise en place d’un règlement technique pour la tomate séchée afin
de standardiser la qualité du produit tunisien et l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques
de fabrication sont également prévus», a fait savoir M. Wael Sghairi, chargé de la
coopération internationale au GICA.
Quant au volet de l’accompagnement de la filière tomate séchée pour la commercialisation de
ses produits finis, « actuellement sur une production annuelle estimée à 7000 tonnes, plus de
80% des quantités sont exportées en vrac vers l’Italie ».
Par ailleurs, une étude a été menée dans le but d’identifier des marchés cibles pour les
différentes filières. En ce qui concerne la filière des tomates séchées, le choix de cibler ce
produit n'est pas le fruit du hasard vu la demande croissante des marchés.
« Il convient de rappeler que la Tunisie est le 16 eme pays producteur de tomates fraîches et le
5 eme exportateur mondial de tomates séchées. A cet effet, il serait opportun alors de créer de la
valeur ajoutée en s’orientant vers un produit conditionné ayant toutes les exigences de qualité
que demandent les marchés internationaux. », déclare M. Walid Ben Moussa, responsable du
secteur agricole et des industries agroalimentaires au CEPEX. Et d’ajouter : « La tomate
séchée est un produit très demandé par les pays européens mais aussi par le Canada et les
USA. Certes, il est important de renforcer le partenariat avec notre premier client qui est
l’Italie, mais aussi de s’orienter vers d’autres pays comme la France et l’Allemagne ».
En 2019, dix entreprises spécialisées dans l’exportation de tomates séchées, ont bénéficié des
subventions de transport accordées par le FOPRODEX (Fonds de Promotion des
Exportations financé par l'Etat sous l'égide du Ministère des Finances et géré par le CEPEX
mis en place en 1985 – ajusté en 2016 – dans le but d'encourager les exportations et aider les
entreprises qui souhaitent aller vers de nouveaux marchés.
« Pour encourager les exportateurs de cette filière, nous orientons les exportateurs vers des
marchés potentiels en leur fournissant toutes les informations nécessaires concernant ces
marchés et les mettre au courant des exigences en termes de certifications et des barrières
tarifaires et non tarifaires. », mentionne-t-il.
D’après M. Ben Moussa, le CEPEX intervient, également, par le biais du FOPRODEX, sur
l’aspect financier et ce à travers l’attribution des subventions aux opérateurs de la filière sur
le transport de marchandises, la prospection des marchés et les actions promotionnelles. Et
soutien également les initiatives des programmes de valorisation de la filière de tomates
séchées à l’instar du projet PAMPAT.
De son côté, le PAMPAT II a déjà mis les petits plats dans les grands puisqu’un
« programme de formation et d’accompagnement est aussi en cours de mise en œuvre en vue
d’assister les entreprises », conclut Mme Lemia Chekir-Thabet.