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Applications de suivi menstruel : un risque invisible pour la santé des femmes ?

  • Applications de suivi menstruel : un risque invisible pour la santé des femmes ?

Elles promettent un meilleur contrôle du cycle menstruel, une aide à la fertilité ou encore un accompagnement émotionnel… Mais à quel prix ?

À travers le monde, des millions de femmes utilisent chaque jour des applications mobiles pour suivre leur cycle menstruel. Ces outils, simples d’utilisation et souvent gratuits, sont devenus des alliés du quotidien pour anticiper les règles, repérer les périodes d’ovulation, ou comprendre certains symptômes hormonaux. Mais derrière cette apparente modernité se cache une réalité plus complexe — et parfois préoccupante.

Des données intimes, pas toujours protégées

Ce que beaucoup ignorent, c’est que les données collectées par ces applis — dates des règles, rapports sexuels, humeur, douleurs, grossesse ou fausse couche — sont parmi les plus personnelles qu’une femme puisse partager. Dans certains cas, ces informations sont utilisées à des fins commerciales, partagées avec des partenaires publicitaires ou revendues à des entreprises tiers. Un glissement discret mais dangereux, surtout dans les contextes géopolitiques où le droit des femmes à disposer de leur corps est fragilisé.

Quand le numérique devient un outil de contrôle

Dans plusieurs pays, des experts alertent sur le risque que ces applications soient détournées à des fins de surveillance. En période de répression des droits reproductifs, certains gouvernements ou acteurs malveillants pourraient exploiter ces données pour repérer une grossesse interrompue, un cycle irrégulier ou une absence suspecte de règles.

Ce scénario, qui peut sembler dystopique, s’est rapproché dangereusement de la réalité dans certaines zones en crise. Il montre à quel point la technologie, si elle n’est pas encadrée, peut devenir un instrument de contrôle du corps féminin.

Un appel à la vigilance et à l’autonomie numérique

Utiliser une application de santé n’est pas en soi une mauvaise chose. Mais cela nécessite de faire des choix éclairés. Lire attentivement les conditions d’utilisation, éviter les applis trop intrusives, et privilégier les outils open source ou basés sur le respect de la vie privée peut faire toute la différence.

Pour les femmes, il ne s’agit plus seulement de suivre leurs cycles, mais aussi de protéger leur souveraineté numérique. Car l’intimité, en 2025, ne s’écrit plus seulement dans un carnet, mais aussi dans les lignes de code.

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