Entre la douleur de la mort et la frustration de l’impunité.

Par Nesrine Ben KHEDIJA

Se mettre dans la peau de la victime est une tâche facile à faire. 

Cela relève du domaine de la théorie, et l’apprentissage des théorèmes est un exercice bien plus facile que celui de l’art de les appliquer. 

J’aurais aimé être palestinienne, cela aura fait de ma petite personne une héroïne pour certains et une ennemie redoutable pour les autres. 

En théorie…

J’aurais aimé vivre sur la terre promise, en faire partie, me battre et encore me battre pour la libérer de la terreur de l’occupant sioniste…et des compromis des autres spectateurs. 

J’aurais donné beaucoup pour montrer au monde entier le vrai visage de ce que les rêveurs de mon pays appellent la nation arabe unie.

J’aurais voulu être moi dans la peau d’une autre…une vraie révolutionnaire, une farouche résistante, une grande militante…une palestinienne. 

J’aurais espéré l’être, le vivre un moment juste pour pouvoir trancher et d’une manière subjective et douloureuse entre mort et impunité. 

Je n’arrête pas, et ce, depuis des années de me poser la question suivante qui s’avère être un vrai dilemme pour beaucoup: mort ou impunité? 

autant de Mort, autant de martyrs, autant de souffrance et autant de massacre subis pour voir enfin sa patrie libre et ses enfants en vie est certainement une libération en soi. 

Mais autant de souffrance et de cadavres, d’anges partis très tôt pour voir une poignée de mains crades et ensanglantées se serrer mutuellement les bouts des doigts, au nom d’une paix fausse et hypocrite n’est-il pas une condamnation pour la vraie libération? 

Cesser le feu ou continuer la guerre ? 

Le prix à payer est un montant exorbitant certes, un rabais n’est pas possible, car une seule vie enlevée est de trop. 

un tarif, une taxe sur pétrole donné, des soldes sur vies humaines, une facture que seul un peuple est entrain d’assumer, une vente aux enchères de dignités et de leurs excellences. 

En aucun cas, jamais, pour rien au monde ce prix ne sera compétitif par rapport à la nouvelle tendance des deux poids deux mesures qui se vend pour pas d’argent dans ce nouveau monde régi par les médias vendus et achetés.

Mort ou impunité, la douleur est là mais je ne suis pas palestinienne pour que mon mot ait un vrai écho.

J’aurais aimé être une palestinienne libre de ses pensées, libérée de sa douleur et heureuse de vivre dans mon pays et non de mourir pour ma patrie. 

J’aurais aimé être une palestinienne qui j’aurait besoin d’un vote pour respirer l’air frais.