
- société
Lorsque nous cherchons à réconforter, parfois, faute de mots justes ou par manque de savoir-faire, nous utilisons des expressions qui, sans le vouloir, peuvent contribuer à la normalisation des abus et des traumatismes. Pourtant, notre objectif devrait être de mettre fin à la banalisation de ces violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques.
La psychologue, coach et neuroscientifique britannique Bobbi Banks a énuméré cinq phrases que nous devrions éviter d’utiliser si nous souhaitons lutter contre la normalisation de la violence, quelle qu’elle soit. Voici ces expressions à proscrire :
« J’ai été éduqué comme ça et ça s’est bien passé » – implicite : « je m’en suis bien sorti(e), alors tu devrais en faire de même. »
« Ça t’a rendu plus fort / Tu en as tiré des leçons, un enseignement » – une variante du proverbe « ce qui ne te tue pas te rend plus fort. »
« Sois plus fort / Arrête d’être si sensible » – suggère que l’on exagère la situation, que c’est de notre faute.
« D’autres personnes ont connu pire que ça » – un relativisme mal placé et mal dosé.
« Tu n’aurais pas vécu ça si tu n’étais pas assez solide pour l’endurer » – sous-entendu, si cela nous arrive, c’est que l’on est capable de faire face.
Il est important de noter que ces phrases peuvent être utilisées non seulement dans le contexte de violences physiques ou psychologiques, mais également dans des situations plus larges, telles que le deuil d’un proche, une fausse couche ou la perte d’un bébé, ou encore des violences éducatives ordinaires.
Ces expressions en apparence anodines peuvent, au lieu de valider la souffrance et d’offrir un soutien à la personne concernée, minimiser, invisibiliser, voire nier son traumatisme, son vécu, son histoire. Le déni du traumatisme peut servir de mécanisme de défense pour la victime, mais à long terme, il peut s’avérer contre-productif et engendrer encore plus de souffrance.
Au lieu d’utiliser ces expressions préjudiciables, nous devrions privilégier des phrases simples telles que « merci de m’en avoir parlé », « je suis là si tu as besoin d’aide, de parler, ou de quoi que ce soit », « tu es en sécurité maintenant », et des phrases qui valident les émotions et le vécu de la personne. Il est essentiel de montrer notre soutien et notre compréhension sans jugement, car cela peut être la première étape vers la guérison pour ceux qui ont vécu des traumatismes.