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Fatima était la plus jeune des filles du Prophète . Elle est née cinq années avant le début de la révélation ; le jour même où les Quraysh choisirent son père pour la pose de la pierre noire au terme de la reconstruction de la Kaaba.
Elle vécut heureuse auprès de son père, de sa mère, et de ses soeurs, en particulier Zaynab qui joua, pour elle, le rôle de mère. Fatima devait se séparer de ses soeurs, l’une après l’autre, à la suite du mariage de chacune d’elle.
Elle était encore toute jeune lorsque la révélation descendit sur son père. Elle vécut avec le fils de son oncle paternel, Ali Ibn Abu Talib, que le Prophète joignit à sa famille et considéra comme son fils. ‘Ali, qui n’avait que quatre ans de plus qu’elle, fut donc pour Fatima un frère et un compagnon.
Témoin des peines endurées par son père
Dès la cinquième année de son âge, Fatima devait, malgré elle, affronter les durs heurts soulevés par les idolâtres contre la nouvelle religion qu’était l’Islam. C’est dire que, sans regretter cette période, elle ne connut pas une enfance tranquille.
Fatima était présente lorsque ‘Aqaba ibn Abu Mu’it arriva, portant dans un sac les entrailles d’un mouton. Il les jeta sur le dos de l’Envoyé de Dieu , au moment où il se prosternait. Il ne leva pas la tête jusqu’au moment où sa fille Fatima s’approcha de lui, prit la saleté jetée sur son père et la jeta sur ‘Aqaba. A ce moment, il releva la tête et lança la malédiction contre Abu Jahl, ‘Ataba et d’autres encore. Cette malédiction fit peur aux associateurs. Ils stoppèrent leurs attaques et laissèrent le père de Fatima poursuivre sa prière. Après quoi, le Prophète et sa fille quittèrent les lieux, la main dans la main et se dirigèrent vers leur maison.
A une autre occasion, Fatima était avec le Prophète alors qu’il faisait le « Tawâf » autour de la Kabah. Une foule de Quraysh se réunit autour de lui, le saisirent et essayèrent de l’étrangler avec ses propres vêtements. Fatima cria et appela à l’aide. Abu Bakr accouru et réussit à libérer le Prophète . Il implorait alors: ‘Tueriez-vous un homme qui dit : ‘Mon seigneur est Allah’. Au lieu de baisser les bras, la foule se tourna vers Abu Bakr et commença à le battre jusqu’à ce que le sang coule de sa tête et de son visage.
Emigration à Médine
Ce fut dans ce contexte que Fatima grandit jusqu’au jour où sa famille subit le blocus des mécréants. Elle vécut donc dans le campement avec les privations et les souffrances et ressortit comme tous les autres pour retourner à la Mecque. Elle fut alors témoin de la mort de sa mère Khadija. Quelques temps après, elle suivit son père à Médine à la suite de son émigration avec d’autres Compagnons. ‘Ali, qui resta à la Mecque pour surveiller et protéger les arrières du Prophète , rejoindra ce dernier trois jour après.
Le voyage de Fatima et de sa soeur Umm Kaltoum à Médine ne se fit pas sans difficulté. Des associateurs les rattrapèrent en cours de route. Al Huwayrath Ibn ‘Abd Ibn Qassi, un de ceux qui firent le plus de mal à leur père à la Mecque, piqua de sa lance le chameau monté par Fatima. Celle-ci fut déséquilibrée et tomba sur le sol. A cette époque, c’était une jeune fille frêle et faible de corps.
Fatima finira, en fin de compte par arriver à Médine. Elle fut témoin de la fraternité que son père avait suscitée entre les Muhajirin et leurs hôtes les Ansars. Ce fut une fraternité concrétisée par des actes tangibles. Le Prophète , lanca cet appel :
– « Soyez frères en Dieu, Que chacun prenne un frère. Quant à moi, voici mon frère » et il désigna Ali.
Son mariage avec ‘Ali
A cette période, Fatima s’approchait de sa dix-huitième année. Ce n’était plus la fille qui, toute jeune, disait à sa mère qu’elle ne se marierait jamais car elle ne tenait pas à se séparer de ses parents comme ses soeurs l’avaient fait. Cependant, elle atteint l’âge de la maturité et savait que le mariage est un état naturel depuis Eve jusqu’à sa mère et ses soeurs. Elle avait à ses côtés ‘Ali qu’elle voyait quotidiennement. Celui-ci avait des vues sur elle mais il n’osait pas les exprimer ouvertement.
En l’an II de l’Hégire, elle reçut des propositions de mariage par l’intermédiaire de son père, dont deux furent rejetées. Ali, le fils d’Abu Tâlib, rassembla alors son courage et vint demander sa main au Prophète. En présence du Prophète pourtant, il se laissa intimider et perdit sa langue. Il ne quitta pas le sol des yeux et ne put dire un mot. Le Prophète lui demanda alors :
– ‘Pourquoi es-tu venu ? As-tu besoin de quelque chose ?’
Ali ne pouvait toujours pas parler, alors le Prophète suggéra :
– ‘Peut-être es-tu venu pour demander Fatima en mariage ?’
– ‘Oui’ répondit Ali.
Le Prophète dit simplement : ‘Marhaban wa ahlan – Bienvenue dans la famille’ et cela fut prit comme l’approbation du Prophète par Ali et par les Ansars qui l’attendaient dehors. On rapporte aussi que le Prophète approuva et demanda à Ali s’il avait quelque chose à donner en dot. Ali répondit que non. Le Prophète lui rappela qu’il avait un bouclier qu’il pouvait vendre.
Ali vendit le bouclier à Uthman pour quatre dirhams et pendant qu’il se dépêchait de retourner chez le Prophète pour lui remettre la dot, Uthman l’arrêta et lui dit :
‘Je te rends ton bouclier comme cadeau de ma part pour ton mariage avec Fatima’.
Le Prophète lui-même dirigea la cérémonie du mariage. Pour le « Walîmah », on servit aux invités des dattes, des figues et une mixture de dattes et de beurre gras appelé hais. Un membre dirigeant des Ansars offrit un bélier et d’autres firent des dons de céréales. Tout Médine se réjouit.
Pour son mariage, on rapporte que le Prophète offrit à Fatima et à Ali, un lit de bois entrelacé de feuilles de palmes, une couverture de lit en velours, un coussin en cuir rempli de fibres de palmes, une peau de mouton, une marmite, une outre en peau et une meule manuelle pour moudre le grain.
Les difficultés matérielles
La vie de Fatima avec Ali fut aussi simple et sobre qu’elle l’avait été chez son père. En fait, en ce qui concerne le confort matériel, c’était une vie de difficultés et de privations. Durant leur vie commune, Ali resta pauvre car il n’attachait que peu d’importance aux richesses matérielles.
Fatima était la seule parmi ses sœurs à ne pas avoir épouser un homme riche.
En fait, on pourrait dire que la vie de Fatima avec Ali était même plus rigoureuse que celle qu’elle eut chez son père. Au moins, avant le mariage, il y avait toujours dans la famille du Prophète une quantité de mains prêtes à aider. Mais maintenant elle devait faire face seule, de fait. Pour soulager leur pauvreté extrême, Ali travaillait comme peintre et porteur d’eau et elle comme broyeuse de céréales. Un jour, elle dit à Ali : ‘J’ai moulu jusqu’à ce que mes mains se couvrent de cloques’. ‘J’ai puisé de l’eau jusqu’à en avoir mal à la poitrine’ répliqua Ali.
Celui-ci suggéra à Fatima ‘Dieu a donné à ton père quelques prisonniers de guerre, va lui demander de te donner une servante’.
A contrecœur, elle alla chez le Prophète qui lui dit : ‘qu’est-ce qui t’amène ici, ma petite fille ?’ ‘Je suis venue te donner le Salam’ dit-elle de peur qu’il ne puisse lui donner ce qu’elle avait l’intention de demander.
‘Que faisais-tu ?’ demanda Ali lorsqu’elle repartit seule.
‘J’avais honte de lui demander’ dit-elle. Alors tous deux vinrent ensemble mais le Prophète sentit qu’ils étaient moins dans le besoin que d’autres.
‘Je ne vais pas vous le donner’ dit-il ‘et laisser les Ahl as-Suffah (pauvres musulmans restés dans la mosquée) tourmentés par la faim. Je n’ai pas assez pour leur nourriture…’
Ali et Fatima rentrèrent chez eux, et se sentirent quelque peu découragés mais cette nuit, après qu’ils soient allés se coucher, ils entendirent la voix du Prophète leur demandant la permission d’entrer. Pour l’accueillir, ils se levèrent, mais le Prophète leur dit :
‘Restez où vous êtes’ et il s’assit à côté d’eux ‘Ne vous indiquerais-je pas quelque chose de meilleur que ce que vous êtes venus me demander ?’ demanda-t-il et ils lui dirent ‘Si’, il dit : ‘Les mots que Jibril m’a enseignés, que vous pouvez dire : ‘Subhana Allah’ dix fois après la prière, et dix fois « Al hamdu lillah’ et dix fois « Allahu Akbar ». Et avant de dormir, il faut que vous le disiez 33 fois chacun.
Ali dit plus tard : ‘Je n’ai jamais manqué de le faire depuis que le Messager de Dieu nous l’a enseigné’.