Cabinet de Sexothérapie-
La sexualité est un besoin essentiel de tout être humain. Toutefois, elle peut devenir déviante chez certains individus. Sex addict ? Obsédé sexuel ? Les mots ne manquent pas pour parler d’hypersexualité ou satyriasis mais la définition du trouble est plus délicate qu’il n’y paraît. Elle se manifeste par des comportements sexuels addictifs, qui entraînent bien souvent des conséquences néfastes sur les relations sentimentales et intimes du sujet. Quel est ce trouble sexuel et comment le soigner ?
Qu’est-ce que le satyriasis ?
L’hypersexualité, aussi appelée « sexualité compulsive », est un comportement sexuel humain qui se traduit par une recherche continue et persistante du plaisir sexuel. Pour les hommes, l’hypersexualité est aussi appelée satyriasis (de « satyres », créatures de la mythologie grecque).
Les sexologues s’accordent à dire qu’il s’agit d’un trouble sexuel, qui se manifeste par des envies et comportements sexuels récurrents, nombreux et pressants, ainsi qu’un manque de contrôle vis-à-vis des pensées sexuelles et des comportements qui en découlent.
Comment ça se passe ?
L’hypersexuel souffre de son envie quasi-permanente de plaisir sexuel. Il est dans une recherche continue et permanente de l’acte et du plaisir sexuel. Il ne s’agit donc pas seulement du nombre ou de la fréquence des rapports, mais de l’importance que prend la sexualité dans la vie quotidienne. L’hypersexualité engendre un sentiment d’insatisfaction permanent. L’homme a besoin de plus de plaisir sexuel et ne sent jamais vraiment satisfaite. En fin de compte, il est incapable de profiter du sexe, les fantasmes devenant maladifs et récurrents, de sorte que le plaisir se perd.
En raison de cette obsession, l’homme se doit d’augmenter le comportement, tant en intensité qu’en fréquence. Ce n’est qu’ainsi qu’il parvient à trouver du plaisir, et s’il n’y parvient pas, le sentiment d’insatisfaction et de mal-être est très profond. Cependant, lorsque cela atteint une limite très élevée, l’acte sexuel lui-même ne provoque aucun plaisir chez lui. Son obsession l’empêche d’obtenir quelque bénéfice, et la sensation de plaisir disparaît. Sa vie tourne simplement autour de la recherche du stimulus, bien qu’il n’y trouve aucun de plaisir.
Quels sont les symptômes ?
L’hypersexualité est un trouble psychologique qui engendre une souffrance psychique importante avec des conséquences sur la vie quotidienne et les relations avec les autres, voire même une dépression ou des addictions qui sont très fréquentes.
Elle se traduit par :
Pour conclure à une hypersexualité, il faut que le comportement dure depuis plusieurs mois et qu’il ne puisse pas être expliqué par une autre maladie (le trouble bipolaire par exemple) ou une prise de substance (comme la cocaïne ou les médicaments anti-parkinsoniens par exemple).
L’hypersexualité est-elle une maladie ?
Ce trouble est sérieusement pris en compte par le corps médical, qu’il s’agisse des sexologues, des psychologues, etc. Il est référencé sous le nom d’ « activité sexuelle excessive », et est classé parmi la catégorie des « Dysfonctionnements sexuel, non dus à un trouble ou à une maladie organique » dans la classification internationale des maladies (CIM-10), qui est publiée par l’OMS. En revanche, l’hypersexualité n’est pas répertoriée en tant que maladie dans le DSM 5, le manuel de référence des pathologies mentales américain, qui recense tous les troubles avec la définition qui leur correspond. En effet, un manque d’études convaincantes sur le sujet a empêché l’hypersexualité d’être considérée comme une maladie dans ce référentiel.
Où se situe la limite entre le trouble sexuel et l’amour du sexe ?
Il est parfois difficile d’établir une limite entre la consommation importante et l’excès. Ici, la frontière entre une vie sexuelle intense et une consommation « excessive » du sexe réside dans la dimension addictive. En effet, il est difficile de quantifier une consommation « normale » de sexe, du nombre « normal » de partenaires, de rapports sexuels, de fantasmes, etc. Le sexe est un domaine personnel, qui varie selon les personnes, et ne répond à aucune norme ou règle. En revanche, il est de l’ordre de la maladie s’il est synonyme de frustration, d’addiction, de comportements compulsifs et de conséquences négatives sur sa vie sociale.
Peut-on être hypersexuel par choix ?
On n’est jamais malade par choix. L’hypersexualité est qualifiée de « choix de vie » lorsqu’il ne s’agit pas d’un trouble sexuel, mais bien d’un style de vie, d’une manière d’appréhender le sexe. Nous l’avons vu, l’hypersexualité en tant que maladie a des conséquences négatives sur la vie voire la santé des patients.
En effet, la personne atteinte d’hypersexualité passera son temps à rechercher du plaisir sexuel, au détriment de ses interactions sociales, sa vie de couple, etc. Les efforts et le temps engagés dans la recherche de plaisir sexuel induit un désengagement à d’autres niveaux de la vie privée.
De fait, dire qu’une personne est hypersexuelle par choix serait sous-estimer son trouble. En revanche, dans le cas d’une personne qui aime le sexe, le pratique souvent, et accorde une grande importance au plaisir sexuel, mais sans être dans la dépendance et l’addiction, il s’agit en effet d’un choix de vie, qui est propre à chacun.
La vie cachée des hypersexuels pathologiques
Cette attitude aboutit à une deuxième vie cachée, consacrée à l’assouvissement impossible d’un désir incontrôlable… Une deuxième vie régie par les fantasmes, les pulsions et/ou la répétition de comportements sexuels, qui ne suffisent pas à rassasier ni à apaiser.
La personne est incapable d’interrompre son comportement ou de le limiter ; elle multiplie les conduites à risque comme l’absence de préservatif, le fait de photographier ou filmer les ébats et de les stocker de façon non protégée… Peu à peu, elle ressent le besoin de consommer de plus en plus, pour atteindre le même niveau de satisfaction et elle perd de plus en plus de temps à le faire. L’addict vit dans la peur que soit découverte cette deuxième vie centrée sur le sexe brut et dissociée de tout amour. Il souffre de sa dépendance et il court de plus en plus de risques physiques et psychologiques…
Comment soigner l’hypersexualité ?
Comme tous les troubles sexuels, si vous pensez être atteint d’hypersexualité, il est préférable de consulter un sexothérapeute ou un sexologue. Le professionnel saura détecter les signes de la pathologie, et définir avec vous une stratégie pour traiter la cause et les symptômes, et vous aider à retrouver une vie sexuelle saine et apaisée.
Références
– Carnes P. Don’t call it love, Bantam Books, New York, 1991.
– Carnes P. Out of the shadows : understanding sexual addiction, Hazelden (2nd edition), Center City, Minnesota, 1992.
– Turner M. Uncovering and treating sex addiction in couples therapy, in Hertlein K., Weeks G., Gambescia N. (editors), Systemic sex therapy (pp.263-285), Routledge, New York, 2009.
– Willi J. Couples in collusion, Jason Aronson/New York and London, 1982.
– Hajak F., Garwood P. Hidden bedroom partners, Libra Publishers, Inc. San Diego, 1987.
– Sternberg R., Weis K. The new psychology of love, Yale University Press, New Haven, 2006.
– Dépendants affectifs et sexuels anonymes (DASA), (514) 983-0671
– Sexoliques anonymes, (514) 254-8181
Par Rana HAMROUNI
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