En 1652, Blaise Pascal écrivait : « L’amour n’a point d’âge, il est toujours naissant ». Près de quatre siècles plus tard, ce constat n’est toujours pas démenti. Les seniors vivent plus longtemps et en meilleure santé. Et dans cette nouvelle vie, l’amour prend toute sa place. La sexualité aussi. Enquête au cœur des voies charnelles, passé la soixantaine.
Le bonheur sexuel n’a pas d’âge :
Avec l’augmentation de l’espérance de vie et les progrès de la médecine, avoir 60 ans n’est désormais plus synonyme de vieillesse. D’où la revendication des plus âgés d’avoir, à l’instar de leurs cadets, une vie sexuelle épanouie. La libido des seniors est bien présente, mais encore trop taboue pour oser en parler.
Avoir une sexualité épanouie à 20 ans, 50, 70 ou plus, c’est possible et c’est bon pour la santé. La sexualité n’a pas d’âge, on ne le répétera sans doute jamais assez. Le secret pour y parvenir? Apprivoiser et accepter les évolutions de son corps et de celui de son partenaire. Même après 50 ans la vie sexuelle continue sa route. Elle emprunte simplement des chemins différents pour arriver au plaisir.
Les avantages de la sexualité après 60 ans :
Il serait naïf de penser que l’amour se pratique de la même façon à 20 ans qu’à 70. Il s’agit d’accéder à une nouvelle sexualité, forcément différente et parfois bien plus épanouissante! Une bonne nouvelle pour la santé car l’activité sexuelle augmente la longévité et préserve de certaines maladies.
Les rapports des seniors deviennent plus sensuels, plus tendres, plus lents. La quête de la performance au lit n’est plus, balayant ainsi toutes les injonctions à l’orgasme, à la durée, à la taille du sexe… La sexualité est alors appréhendée comme un véritable voyage des sens, où caresses, massages et pleine conscience sont rois. Il est possible de passer à un autre niveau. La peau est toujours là, les sensations, le plaisir du contact aussi, qui permettent de vivre une plénitude à tout âge.
Les fausses croyances liées à la sexualité des seniors :
Emboîtée dans des interdits liés à l’éducation, à la religion, et plus largement à la société, de vieilles croyances, voir des stéréotypes, sur la sexualité des personnes flottent dans l’imaginaire collectif une odeur d’interdit autour de la jouissance de nos aînés : l’impensable vie sexuelle de nos parents et grands-parents qu’on préfère penser qu’après un certain âge elle n’existe plus. Elle serait remplacée, entre autre, par l’affectivité. S’ajoute à cela, l’amour propre qui s’amenuise avec le passage du temps sur le corps. Tant de femmes manquent d’estime de soi, guettent dans le miroir les transformations de leur visage (…). Il y a cette petite voix intérieure qui juge que l’on n’est plus désirable.
Voici quelques exemples de ce qu’on entend dire sur la sexualité des seniors :
Mais ne serait-il pas réducteur et triste de croire que la jeunesse possède le monopole du désir ?
Changements physiologiques ?
C’est Masters et Johnson (1966), fondateurs de la sexothérapie, qui ont réalisé les études les plus détaillées sur les aspects physiologiques de la sexualité humaine. Ils affirment que « la sexualité féminine ne connaît pas de limite d’âge ».
En ce qui concerne l’homme, ils en concluent que, placé dans des conditions physiques et émotives convenables, « l’homme garde assez fréquemment sa capacité sexuelle jusqu’à quatre-vingts ans et même au-delà ». Les études montrent que la fréquence des rapports sexuels diminue avec l’âge. Un vieux proverbe dit « moins on en fait, moins on a envie d’en faire ». La traduction sexuelle c’est qu’il faut pratiquer pour garder la forme. Les rapports sexuels sont nécessaires pour entretenir chez la femme une bonne élasticité vaginale et chez l’homme une bonne vascularisation des corps caverneux.
Peut-on observer des changements physiologiques de la réponse sexuelle ?
A/ Chez la femme :
B/ Chez l’homme :
Les changements physiologiques, les plus généraux, traduisent que la femme et l’homme ont simplement besoin de davantage de stimulations. La réalité des modifications de «performances sexuelles physiologiques » doit être connue pour être mieux acceptée ce qui évite un déphasage à l’origine de frustrations dans le couple. Elle facilite également la notion d’adaptation pour une sensualité plus « complice » et moins performante même si la capacité érectile reste toujours un facteur prédictif de la satisfaction sexuelle chez l’homme.
Faire face aux difficultés :
Contrairement à une idée reçue, la ménopause ne signe ni l’arrêt du désir ni celui des relations sexuelles. Cependant, les bouleversements hormonaux peuvent influer sur la libido qui peut être accrue ou décliner. Mais les hormones ne sont pas les seules responsables de l’absence de désir, la fatigue, le stress, les tensions y sont pour beaucoup. Reste que les sensations de l’excitation et de l’orgasme, si elles peuvent être différentes qu’à 20 ans, ne sont pas forcément moins intenses. Quant à la lubrification naturelle, elle est moins abondante, rendant la pénétration plus difficile. Mais il est possible de pallier cette difficulté en utilisant du gel lubrifiant.
L’homme aussi subit des changements hormonaux à un âge qui peut varier d’un individu à l’autre. La conséquence de ce déficit hormonal, mais aussi des problèmes vasculaires, du diabète ou des troubles du rythme cardiaque est que certains hommes – pas tous – ont des difficultés à avoir une érection ou mettent davantage de temps pour y parvenir. Et après un orgasme, ils mettent parfois quelques jours à récupérer et à avoir une nouvelle érection. Ces déficiences peuvent être traitées (notamment avec des stimulants sexuels et autres vasodilatateurs), il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant.
Le sexe et la santé :
Avoir une sexualité épanouie jusqu’à un âge avancé présente des avantages certains pour la santé, notamment en libérant des endorphines, qui agissent comme un analgésique et réduisent l’anxiété, mais aussi des substances qui renforcent le système immunitaire. Chez les hommes, cela stimule la sécrétion d’hormones de croissance et de testostérone, tonifiant ainsi les muscles et solidifiant les os. Certaines études suggèrent même que le fait de faire l’amour trois fois par semaine pourrait ralentir le vieillissement. Cependant, il n’y a pas d’âge pour attraper des infections sexuellement transmissibles (IST), il est donc recommandé de s’en prémunir en utilisant des préservatifs dans le cadre de nouvelles relations.
Et on constate que la réalité est moins pire que l’on pourrait l’imaginer. Les seniors avec une motivation suffisante, une entente conjugale satisfaisante, une bonne confiance en soi, une acceptation de leurs changements corporels… arrivent à maintenir une vie sexuelle épanouie. Les règles du jeu de leurs rapports intimes évoluent vers une vie affective remplie davantage de caresses et de baisers. Par la force des choses, la sexualité change avec le temps. Elle ne devient ni médiocre ni ennuyeuse, elle trouve tout simplement d’autres voies. La jouissance peut être à portée de traitements, mais aussi d’une prise en charge de soi.
Par Rana HAMROUNI
Cabinet de Sexothérapie-
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