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« L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain. » Stendhal
Le premier forum sur la diversité des genres dans les entreprises tunisiennes en tant qu’un impératif économique, qui s’est déroulé aujourd’hui à l’institut Arabe des chefs d’entreprise, a évoqué l’importance et l’impact de la participation active de la femme dans l’économie. Une nouvelle démarche qui s’impose et qui constitue un nouveau défi de taille pour la Tunisie post révolutionnaire.
Dans son discours, M. Sami Zouari, a affirmé que la diversité de genre dans les entreprises tunisiennes est considérée comme un réel stimulateur de la performance de l’entreprise, il a cité l’exemple de Rouanda qui a connu une véritable révolution économique grâce à l’introduction « obligatoire » de la femme dans le cycle économique due au génocide qu’a connu le pays.
De son coté M.Taoufik Rajhi, ministre conseillé auprès du chef de gouvernement a évoqué l’écart des salaires dans le secteur privé. Les chiffres signés dénotent d’un écart fulgurant et dévalorisant, à savoir, 35% dans le secteur privé non structuré et 25 % dans le secteur privé structuré.
Madame Sana Ghénima, chef d’entreprise et présidente de l’association « Femmes & Leadership » a parlé du rôle de la femme dans l’amélioration de la compétitivité de l’entreprise. Selon Madame Ghenima, aujourd’hui, en Tunisie, il n’est plus concevable de juger la femme selon son statut marital quant à son évaluation par rapport un poste donné. En effet, selon certains témoignages, jusqu’à ce jour, dans notre pays, quand une femme postule pour un poste, l’employeur s’intéresse en premier lieu à sa situation familiale (les premières questions posées sont , mariée, fiancée, avec ou sans enfants, divorcée, pourquoi…)
Un autre chiffre alarmant a été également évoqué par Sana Ghénima, et qui a été communiqué dans une étude faite par le Crédif, à savoir 30% des femmes diplômées des écoles d’ingénieurs disparaissent du marché du travail parce que ces dernières n’arrivent pas à accéder à des postes hautement qualifiés pour des raisons purement sociales.
« Féministe » comme elle est, Sana Ghénima a attiré l’attention sur un phénomène sociétal qui s’aggrave, le fait que la femme surqualifiée est aujourd’hui doublement sanctionnée, d’une part, elle subi le chômage vue la spécificité des postes auxquels elle peu accéder, d’autre part, revenant à leurs villes natales, ces femmes subissent le célibat, une question de mentalité : selon elle, il ya un grand pourcentage d’ hommes tunisien qui trouve du mal à s’unir avec des femmes qui leurs dépassent de point de vue académique.
Il est à noter que le sujet de la diversité a été abordé pour la première fois aux Etats-Unis, dans les années 90, et un courant de recherche y est maintenant associé. Plutôt que de se prévaloir d’un cadre législatif ou d’arguments en termes de justice, la diversité est considérée dans ces travaux sous l’angle du lien qu’elle entretient avec le business.
Par ailleurs, le recours à l’argumentaire économique pour aborder le sujet de l’égalité professionnelle est une démarche qui peut sembler utilitariste à beaucoup. La difficulté consiste à éviter de tomber dans une logique de justification de la présence des femmes en l’entreprise ; en revanche, une approche économique sur le sujet aura probablement plus de poids auprès des décideurs, pour promouvoir une politique de gestion de la diversité ou de féminisation de la main-d’œuvre.
Rim OUERGHI