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L’IVD, de nouveau, au cœur de la polémique : Ben Seddrine, la malaimée de tous… ou presque !

  • L’IVD, de nouveau, au cœur de la polémique :  Ben Seddrine, la malaimée de tous… ou presque !

Femmes Maghrébines
La nomination de Sihem Ben Seddrine à la tête de l’Instance Vérité Dignité a toujours posé problème. Depuis, la présidente de l’IVD n’a fait que confirmer ce malaise. Cela a commencé avec la fameuse affaire des voitures de luxe que s’étaient procuré les membres de l’Instance. Ben Seddrine a été invitée à s’expliquer sur ce point que certains ont considéré comme un gaspillage de l’argent public. A cette critique, Ben Seddrine a assuré que les victimes – dont les dossiers sont traités par l’Instance – ont insisté sur l’importance de voir les responsables de l’IVD utiliser des voitures de luxe et ce afin de soigner leur image et celle des victimes.
Quelques mois plus tard, et à la veille de l’élection présidentielle de 2014, Sihem Ben Seddrine a été surprise la main dans le sac : la présidente de l’IVD avait tenté de récupérer les archives nationales – placées au palais de Carthage – et ce sans aucune autorisation digne de ce nom. Cela sans oublier bien-sûr les quelques passages médiatiques de Ben Seddrine au cours desquels elle n’a jamais raté l’occasion de s’attaquer aux personnes d’une manière agressive. Cette attitude a amené certains à rappeler que vérité et dignité ne riment, en aucun cas, avec rancune et agressivité.
Suite à la publication du projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière – proposé par la présidence de la République –, Sihem Ben Seddrine a mené une campagne de dénigrement sans nom contre ce texte : la présidente de l’IVD est même allée chercher du soutien auprès de la Commission de Venise. Mais, et après avoir exposé sa vision des choses lors de la plénière de ladite commission, Sihem Ben Seddrine a dû rentrer en Tunisie sans aucun soutien puisque Venise s’est prononcée en faveur du projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière.
Mais pour dissuader Ben Seddrine, il en fallait beaucoup plus que cela. Organisant une table ronde autour du même projet de loi, l’Instance Vérité Dignité a invité l’activiste Azyz Ammami à s’exprimer sur la question. Au cours de son allocation, Ammami s’est tellement emporté qu’il a fini par lancer un appel pour ‘brûler le siège de l’Assemblée des représentants du peuple’. Bien qu’il semblait être assez sérieux, cette ‘requête’ a bien fait rigoler Sihem Ben Seddrine qui a applaudi l’idée et qui a même donné le feu vert pour que la vidéo soit publiée sur le site officiel de l’Instance.
Le projet de loi relatif à la réconciliation économique et financière semble avoir été abandonné par ceux qui l’ont mis en place. Cependant, les députés, eux, n’ont pas oublié les coups bas de la présidente de l’Instance et ils ont eu l’occasion de se venger…
On sait tous qu’en ce moment même, les députés sont en train de voter les budgets des différents ministères et instances. Presque toutes les institutions – à part les institutions sécuritaires – ont vu leur budget révisé à la baisse. Bien que cela ne soit pas agréable, tout le monde semble faire passer la priorité sécuritaire, vu les attentats survenus au cours de cette année, sur le reste. Tout le monde sauf… Ben Seddrine ! En effet, l’Instance Vérité et Dignité a demandé la modique somme de 21,8 millions de dinars : 1.362.120 dinars pour payer les salaires, 7.609.580 dinars en tant que frais de gestion, 830.000 dinars pour achat de moyens de locomotion, 499.300 dinars sous l’intitulé de frais divers et 1,5 million de dinars pour indemnisation « urgent » et « temporaire » des victimes.
Cette requête a tellement provoqué les députés que certains d’entre eux ont eu des interventions violentes allant même jusqu’à demandé la démission de Ben Seddrine.
Le bloc du mouvement de Nidaa Tounes a estimé, selon une déclaration accordée par le député Khaled Chaouket, que la nomination de Sihem Ben Seddrine est une erreur commise par la Troïka. Une erreur qui doit être corrigée dans les plus brefs délais. Cependant, Ben Seddrine garde le soutien de ceux qui l’ont nommée : entre Ennahdha et le CPR, la présidente de l’IVD semble être à l’abri de toute tentative d’évincement.
En termes de rendement, quelques experts estiment que l’Instance n’a rien accompli jusqu’à présent tandis que répondent que cela est normal quand on parle d’un processus de justice transitionnelle.
En attendant, rappelons qu’une soixantaine de députés ont réclamé au bureau de l’ARP de mettre en place une commission qui sera chargée de faire l’audit de l’IVD. Mais vu le temps que le traitement de cette requête prend, nous estimons qu’il s’agit plutôt d’un moyen de pression sur l’Instance et sa présidente plutôt que d’une vraie manœuvre. Affaire à suivre.
Ghalia Ben Brahim
 
 
 

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