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Femmes Maghrébines
Il aura suffit au plus grand parti de la Tunisie que son ‘Caïd’ le quitte pour qu’il vive l’une de ses pires crises : depuis mars 2015, et en dépit de l’élection d’un bureau politique, Nidaa Tounes fait sensation avec des querelles plus désolantes les unes que les autres.
Cette crise a pris une nouvelle tournure avec les événements survenus lors de la réunion du bureau exécutif du mouvement le premier novembre. Suite à cela, trente-et-un députés du bloc parlementaire du Nidaa ont déposé leur démission au bureau de l’ARP. La nouvelle a été très mal perçue par l’opinion publique qui s’est indignée du fait que ces députés démissionnaires ont permis au mouvement d’Ennahdha de récupérer la première place au Parlement. En dépit de toutes les explications accordées par des experts en droit constitutionnel ou par les députés eux-mêmes, cette impression est restée chez le grand public.
Revenant sur cette démission du bloc parlementaire, les trente-et-un députés ont tenu une conférence de presse dans la journée du lundi 9 novembre 2015 où ils ont expliqué que leur démission ne prend effet que cinq jours après son dépôt ce qui laisserait aux dirigeants du mouvement un temps suffisant pour étudier les différentes solutions envisageables. Cependant, et si jamais ces solutions ne sont pas trouvées, ces députés seront obligés de démissionner de Nidaa Tounes d’une manière définitive.
Vingt-quatre heures plus tard, aucune décision sérieuse n’a été prise par les décideurs du Nidaa sauf peut-être la dernière proposition du président de la République, Béji Caïd Essesbi, qui a suggéré que les deux déclencheurs de la crise, à savoir Mohsen Marzouk et Hafedh Caïd Essesbi, ne se présentent à aucun poste de commande lors du prochain congrès national du mouvement.
Une suggestion insuffisante pour un mouvement ayant dépassé toutes les limites possibles et imaginables. Nidaa Tounes, formé autour de l’échec de la Troïka, donne l’impression aujourd’hui d’être fini avec la fin de sa mission : évincer les islamistes du pouvoir. Mais même cette mission n’a pas été menée avec succès puisqu’Ennahdha a finalement pris part au gouvernement actuel. Un gouvernement dont le chef n’a pas été nommé de l’intérieur du mouvement et c’est bien là qu’ont commencé les gourdes du Nidaa.
Aujourd’hui, et à part les blocages politiques, Nidaa Tounes a perdu son principal capital : la sympathie et la confiance du large public. En l’occurrence, et si par miracle le mouvement arrivait à trouver une solution magique pouvant satisfaire toutes les parties, l’opinion du grand public a tellement a été tellement endommagée que Nidaa Tounes risque de ne jamais récupérer sa place.
En ce qui concerne la reprise de la majorité par le mouvement d’Ennahdha, cela dépend de la suite des événements. Par ailleurs, les dirigeants Nahdhaouis ne ratent aucune occasion pour dire et redire que leur mouvement continuera à soutenir et le gouvernement d’Habib Essid et l’institution de la présidence de la République et ce peu importe le sort du mouvement de Nidaa Tounes.
Au lendemain des élections de 2014, la Tunisie est au bord d’une crise politique dont les conséquences seront, encore une fois, insoutenables sur le plan économique.
Ghalia Ben Brahim