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Par Ghalia Ben Brahim
L’information est tombée hier en fin de matinée: Sousse, la première destination touristique de la Tunisie, a été frappée en plein cœur. L’Imperial Marhaba, l’un des plus importants hôtels de la zones touristiques a été pris d’assaut par un individu terroriste qui a ouvert le feu, arbitrairement, sur les touristes venus profiter du soleil de la Tunisie. 38 morts, 36 blessés et un pays achevé. Le bilan catastrophique du plus grand carnage de l’histoire de Tunisie…
Chronique d’un bain de sang annoncé
Arrivée sur les lieux du carnage vers les coups de 14 heures, j’ai trouvé l’hôtel envahi par les unités des différentes unités spéciales, les ambulances, les agents de la Protection civile et par les politiciens. Les politiciens, ceux même dont l’échec nous a mené à la catastrophe. Une fois à l’intérieur du restaurant de l’hôtel, j’ai été abordée par une fillette âgée d’à peine six ans. ‘Vous êtes journaliste? C’est cool! Moi je veux devenir journaliste et aller discuter avec les enfants du monde entier. Mais je ne voudrais être obligée, comme vous, d’aller à des endroits pleins de sang’.
Un peu plus loin, le président de la République, le chef du gouvernement, le ministre de l’Intérieur, la ministre du Tourisme et quelques députés et politiciens se promenaient un peu partout et allaient à la rencontre des touristes. Des touristes au regard vide et au visage sans âme. L’ambiance était d’une lourdeur accablante et le désespoir se lisait sur tous les visages. Un peu plus loin, Zohra Driss, propriétaire des lieux et députée du bloc de Nidaa Tounes, essayait, tant bien que mal, de calmer sa clientèle, de servir les déclarations et de discuter avec les responsables.
Après l’avoir brièvement abordée, je me suis dirigée vers la piscine couverte, là où le terroriste a abattu quatre personnes. J’avoue avoir pris une photo de ce une j’ai vu, mais je n’oserais jamais la rendre publique. Trois cadavres étaient encore dressés, à côté de leur sang et couvert de leurs propres serviettes… Dégoûtée, je n’avais d’autre choix que celui de quitter l’hôtel. C’était 16 heures, les rues, de l’hôtel jusqu’à chez moi, étaient vides. Aucun véhicule, à part ceux de la police et de l’Armée, ne circulait. Sousse s’était métamorphosée en une ville fantôme pliée sous le poids du deuil.
A 19 heures 30, j’ai été réveillée par des bruits de rire d’enfants. J’ai ouvert les fenêtres et je n’en revenait pas: des enfants, accompagnés par leurs parents, rentraient de la plage. Sans perde une seconde, je suis descendue dans la rue: les cafés se préparaient à recevoir leurs clientèles pour le match de l’Etoile Sportive du Sahel. Un match qui a été remportée par l’équipe locale et a permis à la ville de passer une nuit de célébration. Le lendemain, vers le coup de 10 heures, les membres de la Brigade Rouge, supporters de l’ESS, se sont mobilisés sur les plages de la ville. Le soir, ce soir, la ville est plus animée et debout que jamais… Et vive la Tunisie!