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Par Ghalia Ben Brahim
En marge d’une conférence organisée le 9 avril 2015 autour de la pensée Bourguibienne, Mohsen Marzouk, conseiller politique auprès du président de la République a annoncé qu’un accord a été trouvé avec les municipalités des villes tunisiennes afin de remettre les statues de feu Habib Bourguiba là où elles étaient avant que Ben Ali ne les enlève au lendemain de son coup d’Etat le 7 novembre 1987.
De son côté, Béji Caïd Essebsi n’a cessé de répéter, et ce depuis sa campagne électorale présidentielle, qu’il comptait remettre les statues et portraits du combattant suprême. L’image de Bourguiba a d’ailleurs été décisive dans la réussite du mouvement de Nidaa Tounes lors des élections législatives et présidentielle.
Après cette mise à jour de l’affaire, les réactions ont implosées de partout : de ceux qui ont applaudi l’initiative, à ceux qui l’ont de suite rejetée en arrivant à ceux qui ont crié au péché. C’est à Mohamed Abbou, secrétaire-général du Courant démocratique, que revient l’honneur du déclenchement de ce débat. Monsieur Abbou a publié un texte sur sa page officielle Facebook où il a fortement critiqué cette décision de remettre les statues de Bourguiba. Le secrétaire-général du Courant démocratique a expliqué qu’oser dresser la statue de Bourguiba sur la place du 14 janvier était une insulte à la Révolution. Pour lui, le système de Ben Ali n’est rien d’autre que la continuité du système de Bourguiba. De ce fait, cette statue ne rendra pas hommage au libérateur de la Tunisie mais fera référence aux époques de répression qu’a vécues la Tunisie. Mohamed Abbou, dans un élan populiste qui lui est tant commun, a appelé à ce qu’une statue, bâtie des mains des tunisiens, soit dressée devant le ministère de l’Intérieur. De son côté, le député du bloc parlementaire du Congrès pour la République, Samir Ben Amor, a publié un texte dans lequel il a essayé de démontrer la corruption de feu Habib Bourguiba. Un texte à travers lequel il a essayé, tant bien que mal, d’avoir l’air crédible. Un écrit dont les lignes nous démontrent à quel point on peut sombrer dans la haine aveugle.
On ne sait que trop bien qu’Habib Bourguiba a toujours été sujet de haine et de diffamation de la part de ceux qui ont échoué là où il a réussi. Après Rached Ghannouchi qui avait refusé, en 2000, de prier pour l’âme du combattant suprême, aujourd’hui le fan club de l’ancien président provisoire de la République se déchaîné rien qu’à l’idée de revoir les statues et les portraits de Bourguiba dressés de nouveau dans nos villes. Il serait bien de faire noter à ces messieurs que partout dans le monde, on rend hommage aux grands hommes et femmes et cela sans prendre en considération leurs erreurs, parce que personne n’est parfait. Peu importe les erreurs de Bourguiba, personne ne peut nier que cet homme est le libérateur des femmes tunisiennes, qu’il est le père de nos universités et le fondateur de notre diplomatie. Au lieu d’écrire des statuts Facebook sur l’éventuel retour d’une statue à une avenue portant son nom, ces ‘politiciens’ devraient s’employer à continuer ce qu’a déjà bâti le combattant suprême.