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Par Ghalia Ben Brahim
Hamma Hammami, le leader de la Gauche Tunisienne a assuré une rencontre débat, en marge de la trente-et-unième édition de la Foire internationale du livre de Tunis, au cours de laquelle il a fait une séance dédicace de son œuvre tout en répondant aux questions de son public.
Un public qui a pu, à travers cette rencontre, poser toutes ses questions à l’homme politique, militant et écrivain.
Hamma Hammami a tenu, avant de présenter son parcours de militant et d’écrivain, à rendre hommage à la librairie Al Kitab. Un espace qu’il a qualifié de progressiste prônant les livres modernes.
Après avoir écouté et pris note de quelques-unes des questions, qui tournaient essentiellement autour du changement de la voie de l’homme de l’écriture vers le militantisme dans un premier-temps et vers la politique par la suite.
Le porte-parole du Front Populaire a expliqué que l’écriture et le militantisme ont toujours été de paires dans sa vie.
« Ma relation avec l’écriture est venue d’une manière naturelle vu la génération dans laquelle j’ai grandi. On a été habitué, depuis notre plus tendre enfance, à lire et à écrire. Ceux qui étaient plus âgés que nous nous formaient et encourageaient le militant ne nous à écrire et à aller de l’avant. Notre militantisme ne s’était pas limité à la rue. On savait qu’il fallait que l’on soit bien formé pour pouvoir combattre efficacement la dictature. Mais bien avant cela, mon frère le poète, feu Tahar Hammami, m’obligeait à lire les livres poétiques et ce depuis que j’avais six ans. J’ai fait un peu dans la poésie mais, quand j’ai été emprisonné la première fois dans ma vie, j’ai compris que ma vraie vocation était dans l’écriture argumentaire et militante. Mon premier écrit parlait des mouvements islamistes, de leurs mutations et de leurs plus profondes pensées. La liberté d’expression avait pu se mettre en place en Tunisie entre les années 87 et 90. ‘Qui juge qui’, est un livre que j’ai pu écrire après quatre ans de vie clandestine. C’est à ce moment-là de ma vie où j’ai compris la valeur de la liberté. Un questionnaire qui est devenu un livre grâce à une militante italienne qui a pu et su m’encadrer afin que j’aille de l’avant. ‘Qui juge qui’ est un livre qui regroupe toutes les accusations dont j’ai été concerné lors de la dictature. Lors de ce questionnement, j’ai pu exprimer clairement mes points de vue devant tout le monde. Le jour du procès, le juge n’avait même pas pris la peine de nous appeler par nos noms mais par des numéros. Ce procès est devenu un jugement du système Ben Ali. On était une dizaine de militants et d’avocats ayant des courants et tendances différentes et on n’avait plus peur de rien. Le juge était étonné de nous voir nous exprimer de la sorte mais il n’arrivait plus à gérer la situation et nous avions tout dit avant d’aller en prison. Certains d’entre nous y avaient, malheureusement, passé la moitié de leur vie. »
Ce témoignage qui vient, encore une fois, renforcer le nouvel esprit de cette 31e édition de la Foire. Une édition qui représente un hymne à la liberté que l’on vient tout juste d’acquérir. En parcourant la salle des expositions du Kram, on se retrouve face au stand de Perspectives Tunisiennes, on observe les clichés des procès des années soixante-dix, on se retourne et on trouve des livres qui n’auraient jamais pu être exposés du temps de la dictature.
On respire un bon coup et on se rappelle que malgré tout, la Révolution de 2011 a été une libération pour nous tous. Que notre liberté ne puisse plus jamais nous être volée !