
Par Hajer Zarrouk
Depuis leur apparition, au XVIIIème siècle, les médias de masse sont le moyen par lequel on peut accéder à l’information et l’espace par lequel on peut communiquer et débattre des sujets d’actualités. De par ces fonctions, les médias de masse sont considérés comme le quatrième pouvoir tant leur vitesse de propagation de l’information est grande et tant ils peuvent l’altérer dans le but d’influencer l’auditoire. Aussi, depuis des années, des chercheurs se sont penchés sur l’étude des médias de masse et sur leur degré de manipulation dont le linguiste et philosophe américain Noam Chomsky qui, dans ses deux livres « Les exploits de la propagande » et « Armes silencieuses pour guerres tranquilles », a dégagé dix méthodes utilisées par les médias pour contrôler la foule :
Élément primordial de contrôle, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des décisions des élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie et de la cybernétique.
Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, délocalisations, baisse du revenu, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme «douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat : d’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite, parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour se résigner.
La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant.
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions.
Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. Par exemple : « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures ».
Encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités et de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action.
Les progrès de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie et la psychologie appliquée, le système est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu lambda que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle sur les individus que les individus eux-mêmes.