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Par Samantha Ben-Rehouma
Cette exposition, inaugurée par le gouverneur de Nabeul, Mohamed Akrimi Hamdi, en présence de Hamza El Fil (Directeur de l’ONAT), de Mohamed Mdimagh (Délégué Régional de l’Artisanat à Nabeul) et des autorités régionales à la galerie du Centre de traditions et des métiers, est une véritable vitrine d’une créativité remarquable où l’harmonie des couleurs, la composition des décors et la densité des motifs, rivalisent avec la variété des points et la maîtrise des techniques.
Le choix de la période est voulue (du 22 au 31 décembre) parce que d’un, l’artisanat est dans les programmes scolaires et de deux, parce qu’elle coïncide à une grande affluence de touristes internationaux et locaux. Histoire aussi de ne pas « hawasser » (se balader) idiot !
Tout d’abord, le talent et la virtuosité des brodeuses à élaborer la riche ornementation des vêtements traditionnels, mais aussi les hommes qui mettent le fil à la patte, et ce, tant au plan du tissage qu’à celui de la broderie.
Avec ses 30 exposants venus du Cap-Bon et des régions de Kairouan et Tunis, les visiteurs pourront contempler le doigté et le savoir-faire artistique et technique de ces doigts de fée. Et d’un stand à l’autre, le fil conducteur est : savoir-faire. Tout comme cet homme qui brode de jolis tableaux avec une…seringue ! Devant mes yeux éblouis, fascinés et curieux, j’essaie de poursuivre les mouvements de ses mains pour voir le fil qui devient invisible devant tant d’agilité et de dextérité…Si bien que j’en perds le fil et comme un enfant devant un tour de passe-passe, j’essaie de deviner ce que produiront les diverses nuances de couleurs de son labeur…
A Nabeul, l’habit traditionnel est si important qu’il commence à être confectionné dès la naissance de la fille pour être fin prêt le jour de son mariage.
Chaque année, on y ajoute des fils d’argent doré (sarma), ce qui en fait un des plus beaux costumes mais aussi le plus cher (il peut dépasser les 5000 dinars).
Seulement voilà comment perdurer cette tradition quand travail il y a mais que main d’œuvre il n’y a pas. Ce savoir-faire en matière de broderie est préservé dans la mesure où les mères apprennent à leurs filles les tenants artistiques de cette culture décorative extraordinaire, ce qui nécessite beaucoup de temps- fait qu’il est rare pour les jeunes filles de Nabeul de ne pas savoir broder. Toutefois, et internet aidant, les jeunes sont devenus réticents et s’éloignent, au grand dam des aînés, de plus en plus de cette tradition si chère au Cap-Bon, qui ne compte plus que 1000 artisans sur les 35000 enregistrés, toutes spécialités confondues.
Trouver des artisanes qui excellent en tous points, et plus précisément, dans le point de Nabeul, est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.
Et lorsqu’on sait qu’aucune cérémonie de mariage ne se déroule sans ce fameux habit traditionnel, même si des efforts ont été faits pour parer le plus possible à la mode (moins de broderie pour un costume plus léger), il serait dommage que la broderie ne s’étoffe au bout du fil…