Ne nous racontons pas d’histoires, si Nidaa n’est pas premier, Ennahdha sera première.
Par Pr.Chokri Mamoghli
Dans 29 jours exactement les tunisiens éliront leurs futurs députés et détermineront le parti qui assumera le pouvoir pour les cinq années à venir. La réalité qui sortira des urnes, sera celle qui prévaudra jusqu’à octobre 2019.
Si vous avez des enfants au lycée, à l’université, à la recherche d’un emploi, si vous vous apprêtez à contracter un crédit, à lancer un projet, bref si vous avez un projet quelconque dans votre vie, sachez que sa réussite dépendra en grande partie de ce que vous allez faire le dimanche 26 octobre. Resterez-vous à la maison? Irez-vous voter? Voterez-vous pour un parti civil et moderniste? Voterez-vous pour Ennahdha ou pour l’un de ses alliés? Opterez-vous pour une liste soi-disant indépendante? Ce que vous ferez déterminera votre avenir et celui de vos enfants.
Une réalité objective s’impose à tout le monde. Qu’on le veuille ou qu’on le veuille pas, qu’on l’approuve ou qu’on ne l’approuve pas, qu’on le conteste ou qu’on ne le conteste pas, les deux seuls partis qui se disputent la victoire et donc la constitution du futur gouvernement sont Nidaa d’un coté et Ennahdha de l’autre. Qui peut prétendre le contraire? Qui peut affirmer sans tomber dans le ridicule, que le CPR, Ettakattol, El Jomhouri, Afek, El Massar, ou n’importe quel autre parti aussi respectable soit-il peut arriver premier? Personne. Absolument personne.
Partant de ce constat qui n’est en aucune manière un jugement de valeur ni une condamnation de la pertinence et de la justesse des programmes de tous les petits partis, la question qui se pose est celle de savoir ce qu’il convient de faire. Faut-il voter pour eux? Lorsque l’on est pour le camp moderniste, faut-il affaiblir Nidaa au risque de le voir arriver second en votant pour l’un des partis de l’ex « Union Pour La Tunisie »?
La maturité politique d’un peuple se jauge, se juge et s’évalue à l’aune de sa propension à gérer ses affaires en excluant les émotions et en ne considérant que l’intérêt général. Les occidentaux savent le faire. Chez eux tout est affaire de rationalité, d’intellect, de calcul froid et objectif. Chez nous et chez nos voisins, l’émotion prend souvent le dessus. L’emportement, la précipitation, la colère, l’aveuglement, « Ettakhmira » comme le disait Habib Bourguiba, prévalent dans toutes les situations qui nécessitent le recul, la pondération et la réflexion.
Que chacun prenne du recul, qu’il réfléchisse honnêtement à l’intérêt du pays et à son propre intérêt, qu’il laisse de coté ses sentiments et qu’il utilise son cerveau, sa matière grise, « El Medda Echakhma » pour reprendre le qualificatif du Zaiem. Il arrivera très rapidement à la conclusion qu’il peut se faire plaisir et voter pour qui il veut, au risque de se réveiller le 27 octobre avec la gueule de bois. Un mal de crâne et la bouche sèche du fait de l’amertume de voir son camp perdre la bataille de l’avenir.
Chaque électrice, chaque électeur, peut également choisir la voie de la rationalité, du réalisme, de l’efficacité occidentale que l’on admire tant et cela en votant utile. En faisant en sorte que Nidaa arrive premier car sinon c’est Ennahdha qui le sera.