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Parité et révision du contexte juridique dans le monde sportif féminin. Les sportives veulent désormais sortir du noir. C’est dans ce cadre que le Comité national olympique tunisien (CNOT) a organisé, le 30 janvier 2014, un séminaire, sur la dite question, clôturé par l’intervention du nouveau ministre de la jeunesse, du sport, de la femme et de la famille. Eclairage.
Déjà le nom que porte le nouveau ministère du gouvernement Jomaa impose le principe de la parité dans le monde du sport et de la jeunesse. Le contenu de ses travaux est ainsi supposé conformer à sa forme (son nom).
«Nous allons examiner le dossier de la femme dans le monde sportif, dans les plus brefs délais, et nous allons essayer d’améliorer leur situation», a affirmé à Femmes maghrébines le ministre de la jeunesse, du sport, de la femme et de la famille Sabeur Bouatay.
La socialisation par le sport
Plusieurs questions ont été relevées lors de ce séminaire. Le gouvernement n’est pas le seul acteur appelé à équilibrer le monde sportif selon l’approche Gender, les médias aussi se doivent de refléter cette parité à travers les articles, les émissions et sur les plateaux tv. Les médias ont tendance à commenter et à débattre des différents matchs de Football ou autre mais, discutent-ils du sport féminin en tant que culture sportive à prendre en compte?
La socialisation de la femme dans la rue, dans la famille et à l’école, dans un système normatif privilégiant des valeurs machistes, se doit accompagner par des pratiques sportives, car, selon Boubaker Ben Abdelkrim, assistant de l’enseignement supérieur à ISSEP- Ksar Saîd, ces dernières ont un effet inéluctable sur le degré de sa socialisation.
Cela n’est pas le fruit d’un système social uniquement. Insérée dans une approche systémique, la femme sportive interagit également selon un contexte économique et financier, politique, juridique et culturel. Déjà dans la composition du bureau de la fédération sportive, il n’existe que 59 de femmes sur 480 (hommes et femmes).
« Le sport en Tunisie est un sport masculin qui bénéficie de plus de moyens et de soutiens que le sport féminin », nous a fait savoir Salah Boudhira, chargé de communication au CNOT, selon qui les textes juridiques régissant le sport sont à revoir car ils (NDLR : ces textes juridiques) ne présentent aucune garantie de protection du sport féminin. De plus, ce cadre juridique privilégie les notions de compétition et de compétitivité sur la culture sportive.
Des solutions?
« En aucun cas, la parité dans le monde sportif ne peut être décrétée à l’instar de la parité politique, mais notre ministère va agir sur le plan des structures élues, à travers les lois, devant désormais refléter la parité », nous a affirmé Neila Chaâbane, secrétaire d’Etat chargée de la femme et de la famille au sein du ministère de la Jeunesse, de sport, de la femme et de la famille et selon qui il est « possible » de promouvoir le sport féminin en mobilisant des ressources et en accordant de l’importance aux activités du sport féminin. Ceci permet aussi «d’encourager» les femmes à s’inscrire dans les clubs « d’embellir l’image d’un sport féminin » qui assume et réussit.
« Une fois les activités des clubs sont relancées, ce serait possible d’injecter plus de fonds pour les aider. A travers la mobilisation, nous allons essayer de résoudre ce problème de fonds », a-t-elle insisté.
Tout s’avère être possible avec une volonté politique mais également une volonté émanant des associations elles même afin de se pencher sur une réforme participative complète du secteur sportif.
« Les associations doivent effectuer un autocontrôle pour veiller, par elle-même, sur leur durabilité », nous a affirmé Makrem Chouchen, directeur des structures sportives au ministère de la Jeunesse et des sports. Le ministère a créé une commission de soutien des associations sportives le 26 mars 2013, soit un « pas en avant vers la parité et l’indépendance » des associations et a ajouté à ces ressources humaines un logiciel permettant de renforcer le principe de la justice dans le milieu associatif à travers les fonds accordés d’une manière égalitaire.
Chaïmae BOUAZZAOUI