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Alors que la question du travail précaire reste au cœur des préoccupations sociales en Tunisie, le ministère des Affaires Sociales a annoncé de nouvelles mesures en faveur des travailleuses en situation vulnérable, notamment dans le secteur agricole. Ces annonces interviennent dans un contexte où les femmes constituent une large majorité de la main-d’œuvre précaire, souvent invisibilisée et peu protégée.
Parmi les bénéficiaires principales de ces mesures figurent les ouvrières agricoles, qui subissent de plein fouet les effets de l’informalité : absence de contrat de travail, salaires dérisoires, conditions de transport dangereuses, et aucune couverture sociale. Le ministère entend désormais accélérer la mise en œuvre d’un décret publié en 2024, qui vise à :
Intégrer ces travailleuses au système national de protection sociale ;
Mettre en place une prise en charge partielle des frais de transport ;
Étendre la couverture contre les maladies professionnelles et les accidents du travail.
Ces mesures s’accompagnent également de campagnes de sensibilisation à destination des employeurs pour les inciter à régulariser les contrats et à respecter les droits fondamentaux des travailleuses.
Un projet de loi encadrant les contrats de travail précaires a été récemment soumis à l’Assemblée des représentants du peuple. Ce texte prévoit de définir un cadre juridique clair pour les relations de travail temporaires et saisonnières, avec une attention particulière accordée aux droits des femmes :
Obligation de déclarer les travailleuses à la sécurité sociale ;
Paiement des jours de travail en fonction des barèmes nationaux ;
Accès à des congés maternité, même en contrat saisonnier.
Si cette loi est adoptée, elle pourrait marquer une avancée majeure dans la lutte contre les inégalités structurelles touchant les femmes en milieu rural et informel.
En Tunisie, plus de 75 % des ouvrières agricoles travaillent sans couverture sociale. Les accidents de transport sont fréquents et parfois mortels. Le renforcement de leur protection n’est pas seulement une réforme technique, mais un acte de justice sociale essentiel. Ces femmes, souvent cheffes de famille, participent activement à l’économie rurale et à la sécurité alimentaire du pays.
Leur offrir des droits à la hauteur de leur engagement est une urgence morale et économique.