Résister en silence : les femmes afghanes défient les interdits sportifs imposés par les talibans.

Dans un Afghanistan où les femmes sont désormais privées d’accès aux infrastructures sportives, certaines continuent de pratiquer en secret, malgré les restrictions strictes imposées par les talibans depuis leur retour au pouvoir en août 2021. Sanah, 25 ans, pseudonyme utilisé par l’une des Afghanes interrogées par l’AFP, explique que, pour elles, le sport est devenu une activité clandestine. Après la prière de l’aube, elle et ses amies se retrouvent pour marcher discrètement dans leur quartier de Kaboul, en prenant soin d’éviter les checkpoints talibans.

Les talibans ont instauré un « apartheid de genre », selon l’ONU, interdisant aux femmes l’accès aux parcs publics et aux salles de sport. Les salles de gym qui leur étaient autrefois réservées ont été fermées sous prétexte de non-respect des codes vestimentaires stricts. Seules quelques salles subsistent, mais elles sont régulièrement contrôlées et fermées.

Malgré ces interdictions, certaines femmes, comme Rayan, 19 ans, continuent à pratiquer la boxe en secret avec des amies, tandis que Bahar, 20 ans, ancienne compétitrice, s’entraîne aujourd’hui en cachette, même de son mari. Elles expliquent que le sport les aide à lutter contre la dépression, bien qu’elles soient privées des compétitions auxquelles elles participaient autrefois.

De nombreuses athlètes afghanes ont fui le pays après le retour des talibans. Certaines participent encore à des compétitions internationales sous la bannière de l’ancien régime ou de l’équipe des réfugiés, comme aux Jeux olympiques de Paris. D’autres, comme Banafsha, ancienne ceinture noire de wushu, vivent recluses, ayant brûlé leurs tenues sportives après la prise de pouvoir talibane.

Hasina Hussain Zada, exilée au Canada et travaillant pour l’ONG Free to Run, souligne que le sport virtuel ne peut remplacer les entraînements en présentiel ou l’appartenance à une équipe. Elle et son organisation s’efforcent de maintenir un espoir, en incitant les femmes à continuer leurs activités physiques, même de manière clandestine .

Sources :

AFP, « En Afghanistan, les femmes se cachent pour faire du sport, » publié par TV5MONDE.