Près de 8000 livres et manuscrits rares brûlés par Daech

Samantha Ben-Rehouma
Après les instruments de musique la semaine dernière en Libye, Daech récidive en brûlant (avec des bombes artisanales) près de 8000 livres et manuscrits rares de la bibliothèque de Mossoul (au nord de l’Irak), et ce, malgré la tentative (vaine !) des responsables locaux pour épargner ce lieu culturel.
La bibliothèque construite en 1921, abritait des manuscrits des XVIIIe et XIXe siècles, des livres issus de l’époque ottomane et des journaux irakiens du début du XXe siècle.
D’après un professeur d’histoire de l’Université de Mossoul (contacté par l’AssociatedPress) les djihadistes sont déjà causé des dégâts beaucoup plus graves à la bibliothèque musulman sunnite, à la bibliothèque de l’Église Latine (vieille de 265 ans), au monastère des Pères Dominicains et à la bibliothèque du Musée de Mossoul – qui contenait des manuscrits datant de 5000 avant JC !
Déjà en 2003, au cours de la seconde invasion américaine, la bibliothèque de Mossoul avait été détruite et beaucoup de livres rares avaient disparu suite au pillage, entre autre.
Toutefois, et grâce aux efforts de la population locale qui avait caché dans leurs maisons les précieux manuscrits plus l’argent provenant de riches familles (en rachetant les livres volés) la bibliothèque avait pu être sauvée.
Mossoul, tombée aux mains des djihadistes depuis bientôt un an, témoigne de la situation sécuritaire chaotique en Irak. Aujourd’hui, Mossoul et demain ?
La barbarie n’a pas de limite !
Le mode opératoire de Daech n’est pas sans rappeler le 7 juin 1962 à Alger où la prestigieuse Bibliothèque universitaire d’Alger avait été incendiée par l’OAS ou encore les autodafés nazis du 10 mai 1933, à Berlin où 25 000 ouvrages de l’Université Humboldt ont été livrés aux flammes (même scénario à Heidelberg, Tübingen ou Hambourg et autres villes universitaires allemandes). Parmi les auteurs, littéraires et scientifiques : Karl Marx, Kurt Tucholsky, Heinrich Mann, Sigmund Freud, Erich Kästner ou Albert Einstein, pour citer que les plus connus.
100.000 livres détruits par Daech. Une opération de « purification culturelle » est en marche !
« Dis-moi ce que tu lis je te dirai qui tu es » en brûlant les livres c’est toute une identité- tout ce qui donne du sens à la vie avec tout cet héritage de siècles et de siècles qui nous valent l’attitude scientifique (et ses dérivés techniques), la philosophie, les lettres et les arts- qui part en fumée !
« Là où l’on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes». Cette phrase prémonitoire a été écrite en 1821 par l’un des plus grands auteurs classiques allemands Heinrich Heine… Toujours d’actualité malheureusement !