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Même pendant les vacances, les femmes continuent de supporter une charge mentale importante. Une enquête de l’Ifop et du site Bons Plans Voyage New York, publiée le 29 août, révèle ce constat prévisible. Les tâches ménagères inégales au sein des couples persistent pendant les congés estivaux. L’étude, menée auprès de 2004 citoyens français, met en lumière une fatigue physique et psychologique préoccupante chez les femmes à leur retour de vacances, plus prononcée que chez leurs partenaires masculins. Environ 70% des femmes se disent plus fatiguées que les hommes (57%), et également plus stressées (53% contre 39%).
Cet épuisement découle principalement de la surcharge des tâches domestiques dévolues aux femmes pendant les vacances. Alors que les hommes gèrent plus fréquemment le barbecue et la conduite du véhicule (51% et 64% respectivement), les femmes, avec ou sans enfants, sont généralement responsables de la gestion quotidienne du séjour. Les tâches comme le lavage du linge (69% contre 11% pour les hommes) et la préparation des repas (48% contre 28% pour les hommes) se trouvent en tête de leurs responsabilités domestiques.
Cette charge mentale s’intensifie lorsque les couples partent en vacances avec des enfants, particulièrement si ces derniers disposent d’une résidence distincte. Dans cette configuration, les femmes portent largement la responsabilité des bagages (71% contre 12% pour les hommes), du linge (72% contre 13%), du pique-nique (53% contre 17%) et de l’éducation des enfants (46% contre 13%). Cette iniquité dans la répartition des tâches est encore plus marquée chez les femmes issues de milieux modestes ou déjà surchargées par le travail domestique tout au long de l’année.
La rentrée scolaire agit comme une source de stress supplémentaire. En plus de gérer les aspects pendant les vacances, les femmes doivent également gérer les défis de la rentrée, contribuant ainsi à leur niveau de fatigue accru. Pour les femmes, la perspective du mois de septembre génère davantage de préoccupations (60% contre 47% pour les hommes).
En effet, elles doivent redoubler d’efforts pour gérer les tâches liées au retour à la vie quotidienne, comme le rangement des valises du retour (65% des femmes), le nettoyage du linge à la maison (74% des femmes) et l’achat des fournitures scolaires (64% des femmes). De plus, le stress financier à la fin des vacances est un fardeau : plus d’un quart des Français (28%) ont terminé leurs vacances avec moins de 100 € sur leur compte, et 9% étaient même à découvert.
La situation est exacerbée par le fait que certains conjoints reconnaissent ces inégalités. Parmi les couples avec enfants, les hommes sont deux fois plus nombreux (56%) que les femmes (28%) à admettre qu’ils se sont reposés davantage pendant l’été que leurs partenaires féminines. François Kraus, directeur du pôle Genre et Sexualités à l’Ifop, analyse cette distribution archaïque des responsabilités des vacances en soulignant que cela reflète une vision conservatrice du temps libre des femmes et une pression sociale importante pour prioriser le bien-être familial par rapport aux besoins personnels des femmes. En fin de compte, considérer les vacances à travers le prisme du genre révèle que la pause estivale ne remet pas en question les modèles inégalitaires des relations conjugales et familiales, mais peut même les aggraver.