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Il est temps d’aller s’inscrire…

  • Il est temps d’aller s’inscrire…

Par Rejeb  Haji*
« En politique, mon cher, vous le savez comme moi, il n’y a pas d’hommes mais des idées ; pas de sentiments, mais des intérêts ; en politique, on ne tue pas un homme : on supprime un obstacle, voilà tout.»
                                                                                                                  Alexandre Dumas,  leComte de Monte Cristo 1844.
 
La pratique de l’exercice du pouvoir ne repose plus sur la terreur ni sur la violence. Le monde a évolué en imposant la construction, çà et là, des sociétés où les conflits se gèrent par le compromis, le dialogue et la loi. Même, si notre révolution a inventé  le « dégagisme », un  nouveau mode de lutte pacifique, théorisé  par l’extrême gauche française et ses appendices dans notre pays,  ne peut avoir lieu tant que les moyens pacifiques de concertation n’ont pas été épuisés.
C’est ainsi que l’Etat de droit se construit où les règles sont opposables et où la majorité a le devoir de protéger  la minorité. Une élection peut être, par exemple, contestée en faisant appel à la justice mais pas en faisant usage de la menace, de la force ou encore de la grève de la faim. Les élus du peuple n’ont pas droit à la chaise vide ni à bouder les séances. Il est de leur responsabilité de trouver les moyens de lutter contre leur absentéisme et de soutenir les projets du gouvernement  en les rendant meilleurs et plus opérationnels.
Aujourd’hui, les Tunisiens rejettent en bloc une classe politique qui a failli à sa mission et a oublié ses principes et ses responsabilités. Pour autant, accepteront -ils, demain d’aller aux urnes pour des candidats se comportant en chef de bande ? Par des élus où la suffisance est la loi et le profil est l’objectif ? Par des élus au nombre de 217 à qui ils ont fait confiance et qui se comptent parfois sur le bout des doigts dans des séances ou dans des commissions qui discutent des projets d’avenir ?
Des mécanismes prévus dans le règlement intérieur comme celui du questionnement du gouvernement sans attendre la plénière, ne sont pas respectés par ceux-là mêmes qui les ont votés. Ailleurs, ce sont des moments d’actualité attendus pour avoir des réponses et pour  juger de l’aptitude des ministres à dominer les dossiers et par suite éclairer l’opinion publique par la vérité de leurs propos ?
Est-il encore une « tradition tunisienne»  que les assemblées se succédant, les lois ne sont discutées et adoptées toujours qu’en présence de quelques élus ?
Les menaces pécuniaires contre l’absentéisme ont-elles encore des effets ?
Ces élus qui viennent à la suite d’un scrutin concocté par une troïka en perdition, vont -ils être la raison du rejet en bloc des scrutins futurs ?
Ces partis politiques qui visent à bâtir une société idéale où régneraient la justice, la liberté et la prospérité font -ils encore bonne figure parmi leurs adhérents ?
Tiennent-ils encore la corde pour  amener leurs représentants à plus de responsabilité et de sérieux ?
Les différents présidents ont  échoué à réaliser cet objectif de présence. La situation actuelle de notre pays inquiète peu les absents. Les difficultés d’existence grandissent et l’incertitude du lendemain pèse lourdement sur notre vie à tous. Jour après jour ce sont des usines fermées, des travailleurs  licenciés, une vie plus chère, un dinar qui poursuit sa chute…
Comme  les hommes providentiels qui ont dirigés notre pays, avec le charisme, le rayonnement, la transparence et l’autorité morale nécessaire ne sont plus que des références, les partis politiques, souvent sans troupe, tentent de s’y substituer. L’expérience tentée, fondée sur le compromis n’a pas été concluante. Ces ministres à double casquette ont fait leur temps. Le service à rendre au pays est qu’ils aillent se consacrer à leurs responsabilités politiques au sein de leur parti. Ils  laisseront  le pays vaquer à ses contraintes par une nouvelle équipe restreinte de ministres jeunes, expérimentés dans la gestion et exemplaires  dans la  probité.
L’exemple du renouveau français est édifiant à ce sujet et utile pour notre bonne gouvernance. Pour cela, l’urgence  est  de mobiliser toutes les énergies, de la participation de tous les citoyens à l’effort collectif. Au-delà des classes sociales, de génération, de milieux de vie, il s’agit de répondre aux besoins de la population.
A titre indicatif, il faut réformer l’enseignement, réorganiser la santé, assurer un emploi à tous, doter chacun d’un logement décent, réduire les inégalités, corriger les déséquilibres sectoriels et régionaux, lutter contre la pauvreté, moderniser l’agriculture, développer l’industrie, stabiliser les prix et la monnaie… mais également promouvoir la liberté, la dignité et le bonheur de chacun. On est en droit de se poser  des questions à ces sujets. Quelles sont les solutions proposées par cette multiplicité de partis qu’elle soit de droite ou de gauche?
Quant aux financements des partis et des associations, le problème reste posé dans toutes ses dimensions. Souvent occultes, soutenus par  des organismes de la  société civile, hors la loi,  et des moyens d’information, sans normes ni contrôles, tout cela est loin de constituer un gage d’un environnement sain pour asseoir une démocratie balbutiante, comme la nôtre, encore trop fragile pour lutter contre les lobbys et les puissances d’argent. En effet, au lieu de soulever les masses,  la situation actuelle  ne fera que semer le doute et par suite l’indifférence générale à l’égard du politique. Il est à craindre déjà que cette multiplicité de partis et d’associations  qui n’apporte, à ce jour, aucune contribution ni à la pensée, ni à la spiritualité, a abouti  à polluer le paysage politique. Elle a  atteint de plein fouet les fondements de ce modèle démocratique  dont nous cherchons à jeter les bases, selon une démarche propre teintée de « tunisianité ».
 
C’est dans cette catégorie de pensée que s’inscrit la révolution de Janvier 2011 et sur cette base que les partis politiques, regroupés en en petit nombre,  après échanges et débats,  doivent placer, dans la durée, leur action politique pour aider à changer les conditions des tunisiens afin de les propulser sur la voie du changement.
Un  signal fort leur est envoyé jusqu’à ce jour, par la faiblesse des inscrits. La démocratie ne peut s’exercer sereinement que dans un espace pacifié ou chacun en accepte les règles, pas sous la pression de meutes inféodées et de l’argent occulte. La noblesse de la politique et l’enjeu de la civilisation se jouent dans le rapport au pouvoir et à sa transmission.Pour cela, l’urgence  est  de mobiliser toutes les énergies, de la participation de tous les citoyens à l’effort collectif. Au-delà des classes sociales, de génération, de milieux de vie, il s’agit de répondre aux besoins de la population tel est le but essentiel des élections municipales.
Tout en laissant les politiques se chamailler dans leur tour d’ivoire et par-delà nos divergences sur les méthodes, l’engagement  responsable est le seul moyen de s’accomplir dans l’action. Il faut faire évoluer la réalité vers l’idéal dont nous rêvons tous, sans distinction de formation, de région, de religion et d’âge. C’est dans ce sens que le  devoir nous interpelle et nous appelle à  aller s’inscrire sur les listes électorales pour choisir par la suite les meilleurs. Ce geste a une importance capitale pour notre vie et pour notre pays. C’est la seule bouffée d’air face à l’atmosphère de grisaille qui règne dans notre environnement économique, social et politique, vicié par des charlatans de la politique. Par notre bulletin de vote ensuite, du plus petit village aux grandes villes, chaque voix compte pour mettre fin « au provisoire »qui perdure.
Nous serons tous alors le rempart nécessaire pour barrer la route aux opportunistes,  à ceux qui  tentent d’accaparer la révolution et à ceux qui travaillent à son échec à l’intérieur et à l’extérieur du pays. La révolution est la nôtre. Nous sommes, pleins d’optimisme et à la hauteur des nouvelles exigences, capables d’assumer la responsabilité historique dans la conduite de la nation et la sauvegarde de sa destinée. Nous remporterons, sans doute, toutes composantes  de la société confondues, la bataille du renouveau.
 

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