Par Rim Ouerghi

Chaque jour, la peur s’immisce entre nos pensées et nos rêves. Pourtant, rester passif, attendre un miracle, c’est risquer d’épuiser sa vie dans une attente sans fin.

Et si le vrai miracle, c’était nous-mêmes ?

Il y a quelque chose d’étrangement silencieux dans cette époque. Un silence qui ne vient pas du manque de bruit ; il y en a partout ; mais de l’absence de clarté, de sens, d’avenir.
Les nouvelles tombent chaque jour comme des rafales. On vit comme sur une corde raide, avec cette peur sourde logée entre chaque pensée et chaque rêve.

Dans ce désordre mondial, nous ; citoyens du monde, femmes et hommes ordinaires ; ne savons plus très bien quoi faire ni où aller.
On regarde le présent comme un brouillard dense, et l’avenir comme une pièce dont la porte est fermée à double tour.

Alors, on attend.

On attend que ça passe.
On attend que ça aille mieux.
On attend un événement, un signal, un changement soudain qui viendrait tout rééquilibrer.
On attend un miracle, sans oser vraiment y croire.

C’est humain, l’attente. C’est ce que l’instinct fait quand il ne voit plus d’issue : il se met en veille, espérant un dénouement venu d’ailleurs. Et c’est ce que beaucoup vivent aujourd’hui. Une forme d’hibernation émotionnelle. Le cœur qui bat, les yeux qui cherchent… mais le souffle suspendu, dans une fatigue collective de l’espoir.

Mais voilà : le miracle ne viendra peut-être pas. Ou pas maintenant. Ou pas comme on l’imagine.

Et si, en fait, ce miracle qu’on attend tous, ce retournement de situation, cette lumière qui bouleverse le sombre, ce n’était pas quelque chose qui nous arrive… mais quelque chose que l’on devient ?

Et si, plutôt que d’attendre, on décidait  d’agir ?
Agir modestement. Agir à notre échelle.
Créer, contribuer, aider, construire, rêver à voix haute.
Non pas pour sauver le monde, mais pour sauver un peu de notre propre pouvoir d’agir.
Non pas pour changer la planète en une nuit, mais pour ne pas se perdre soi-même dans l’inertie.

Parce que ce pouvoir-là, on l’a encore. Malgré la fatigue, malgré l’incertitude, malgré l’étrangeté de notre époque.

Le miracle, ce n’est pas de voir tout s’arranger comme par magie.
Le miracle, c’est toi qui continues malgré tout.
C’est moi qui écris ces lignes, alors que le doute parfois me serre la gorge.
C’est nous, êtres humains imparfaits, qui refusons de disparaître dans l’indifférence.

Alors non, n’attends pas le miracle. Sois ce petit miracle qui se réveille chaque matin, même quand le ciel est lourd.
Sois ce geste simple qui éclaire la journée de quelqu’un.
Sois cette parole sincère, ce projet timide, ce rêve que tu refuses d’abandonner.

Ce n’est pas facile. Ce ne sera jamais parfait.
Mais c’est réel. C’est vivant. C’est là, maintenant.

Et un jour, peut-être, l’histoire retiendra ces êtres invisibles qui, face à un monde en désordre, n’ont pas attendu que tout change… mais ont commencé, chacun à leur manière, à changer quelque chose.