L’application TikTok, devenue incontournable chez les jeunes, façonne bien plus que les tendances musicales ou vestimentaires. Elle influence aujourd’hui l’image de soi, le rapport au corps et la santé mentale d’une génération entière — en particulier chez les adolescentes.

En scrollant des heures durant, les jeunes filles sont exposées à des contenus aussi divers que déroutants : conseils bien-être, témoignages sur l’anxiété, vidéos esthétiques sur les troubles alimentaires, ou encore challenges autour du « glow up ». Derrière une apparence ludique et créative, se cache parfois une réalité inquiétante.

L’algorithme de TikTok, très performant, capte rapidement les centres d’intérêt de l’utilisateur pour proposer du contenu ciblé. Le problème ?

Lorsqu’une adolescente interagit avec des vidéos sur la dépression, les troubles alimentaires ou l’anxiété, elle est très vite submergée par des publications similaires. Ce phénomène crée une bulle algorithmique qui peut renforcer l’angoisse, le mal-être ou même normaliser certaines pathologies.

Le contenu lié à la santé mentale sur TikTok n’est pas toujours produit par des professionnels. Beaucoup de vidéos émanent de jeunes eux-mêmes, partageant leurs expériences, parfois avec sincérité, mais souvent sans nuance ni recul. Résultat : les adolescentes peuvent s’identifier à des récits troublants, s’auto-diagnostiquer ou même adopter des comportements nocifs en pensant trouver des solutions.

Mais TikTok n’est pas qu’un danger

Certaines utilisatrices y trouvent un espace d’expression, de solidarité, voire de résilience. Le réseau permet aussi de visibiliser des problématiques longtemps taboues : anxiété sociale, TDAH, stress post-traumatique… À condition d’être bien encadrée, l’exposition à ces contenus peut aider à mettre des mots sur un mal-être et inciter à consulter.

Le défi est donc de taille : comment sensibiliser sans dramatiser ? Comment encadrer sans censurer ?

Pour les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé mentale, il est crucial d’accompagner les adolescentes dans leur usage de TikTok — non pas en diabolisant l’outil, mais en encourageant un regard critique, une consommation éclairée et un dialogue ouvert.

À l’ère des réseaux sociaux, protéger la santé mentale des jeunes filles, c’est aussi comprendre les codes de leur univers numérique.