Arrête d’attendre. Personne ne viendra te sauver…
- société
Par Rim Ouerghi
Il devient de plus en plus difficile de faire semblant.
D’allumer la radio ou de faire défiler les fils d’actualité sans ressentir une forme d’effondrement intérieur.
Guerres en cascade, menaces nucléaires, montée des extrêmes, climat déréglé, démocraties fragilisées. Nous traversons une époque saturée de conflits et de basculements. Le mot « inédit » est devenu une habitude. L’angoisse, une toile de fond silencieuse.
Et pourtant, nous continuons. À travailler, à aimer, à faire nos courses, à planifier les week-end, à poster des photos. Nous vivons en équilibre instable entre deux réalités : l’urgence planétaire et la mécanique rassurante du quotidien.
Cette coexistence est violente. Elle nous arrache parfois à notre tranquillité. Elle nous donne mauvaise conscience, aussi. Comment parler de légèreté quand des peuples sont bombardés ?
Mais faut-il pour autant cesser de vivre ? De créer ? De rêver ?
Je crois que non.
Je crois qu’il est possible ; et même nécessaire ; de concilier la conscience et l’action, l’indignation et la vie, le choc du monde et la chaleur du foyer.
Être informé, c’est une responsabilité.
Être humain, c’est une résistance.
Ce que nous vivons n’est pas une parenthèse, c’est un tournant. Et dans ce tumulte globalisé, nos petits choix, nos mots, notre lucidité, nos solidarités locales, deviennent des actes puissants.
Je veux croire que vivre pleinement, sans fuir la réalité, est une manière de rester debout. Lire, comprendre, témoigner, transmettre. Ne pas s’habituer. Refuser l’anesthésie du flux. Tenir la main de ceux qui doutent.
Nous sommes peut-être impuissants face à certaines horreurs, mais nous avons encore le pouvoir de ne pas détourner le regard. Et celui, essentiel, de continuer à construire, même à l’ombre des tragédies.
.