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En Tunisie comme dans l’ensemble du Maghreb, les initiatives de financement dédiées aux femmes entrepreneures se multiplient. Loin d’être de simples outils économiques, ces dispositifs traduisent une volonté politique, sociale et stratégique : renforcer l’inclusion économique féminine dans un contexte de transformation structurelle.
Pendant longtemps, les femmes entrepreneures ont évolué en marge des circuits classiques du financement. Accès limité au crédit bancaire, absence de garanties, sous-représentation dans les réseaux d’affaires : les freins sont multiples.
Les dispositifs ciblés comme Raidet en Tunisie ou She’s Next au Maroc émergent ainsi en réponse à un constat largement documenté : à compétences égales, les femmes accèdent moins au financement, investissent moins, et pourtant, remboursent mieux.
Pour les institutions publiques, l’inclusion des femmes dans la dynamique entrepreneuriale n’est plus seulement une question d’équité — c’est un enjeu de croissance économique durable. Des études de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement montrent qu’une plus grande participation féminine dans l’économie génère des effets positifs sur le revenu national, l’innovation et l’emploi.
Dans ce contexte, les dispositifs de financement cherchent à :
Réduire l’écart entre entrepreneuriat masculin et féminin.
Encourager les femmes à formaliser et structurer leurs activités.
Stimuler des projets à fort impact local ou social.
En Tunisie, la stratégie nationale pour l’autonomisation économique des femmes, lancée en 2022, s’inscrit dans cette dynamique. Le programme Raidet, mis en place dans ce cadre, combine financement, formation et accompagnement, avec une approche différenciée selon la taille et la maturité des projets.
De leur côté, des institutions comme la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) s’engagent à travers des programmes comme FAST, en ciblant les femmes au sein des TPE et startups, dans un souci de rattrapage structurel.
Des acteurs privés s’emparent eux aussi de cette cause. La multinationale Visa, à travers son programme She’s Next, en est un exemple. Ce type d’initiative montre que l’autonomisation économique des femmes devient également un levier d’image, de responsabilité sociale et d’innovation pour les grandes entreprises.
Derrière chaque initiative de financement ciblé se joue une transformation de la société : encourager les femmes à entreprendre, c’est aussi leur permettre de prendre la parole, assumer un leadership et devenir actrices du changement dans leurs communautés.
Le soutien financier, s’il est bien pensé et bien accompagné, devient ainsi un outil d’émancipation durable.