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Le « Slut-shaming », un harcèlement des femmes de plus en plus visible

  • Le « Slut-shaming », un harcèlement des femmes de plus en plus visible

L’expression « slut-shaming » provient de l’anglais, sans équivalent français, on pourrait la traduire grossièrement comme « faire honte aux salopes ». Elle décrit le fait de stigmatiser ou culpabiliser une personne vis-à-vis de sa sexualité :  considérer certaines tenues comme « trop provocantes », estimer qu’une femme puisse avoir trop de partenaires sexuels, sont tant de revers du slut-shaming. Dans le monde médical, ce phénomène peut également s’exprimer lorsqu’un soignant rabaisse une patiente venue demander la pilule du lendemain. 

C’est une notion complexe, qui s’exprime globalement par deux aspects : un contrôle de l’apparence des femmes, de leurs tenues, leurs expressions et leurs attitudes. Mais également, un contrôle de leur sexualité dans son ensemble, tant au niveau des pratiques que des partenaires. On viendrait donc culpabiliser une femme à la sexualité libre, sous-entendant qu’elle est trop sexuelle, vulgaire, pas assez discrète, pas assez respectable. Ceci fait écho avec la fameuse dichotomie opposant la vierge à la putain. La première plutôt prude, ce n’est pas avec elle qu’on s’amuse, mais bien celle qu’on marie. Cette figure s’accompagne de représentations sexistes liée à la pureté. La seconde, la putain est sexuelle, désirable, mais trop délurée pour être respectable. C’est avec elle qu’on a des relations sexuelles mais ce n’est pas celle qu’on présente aux parents.

Ces deux figures qui s’opposent dans le système patriarcal illustrent bien les mécanismes à l’œuvre dans le concept de slut-shaming : les femmes y sont coincées, elles sont soit trop, soit pas assez. À les écouter, il faudrait toujours mieux choisir de ressembler à la vierge, si l’on ne veut pas être jugée ou rejetée. Mais en vérité, les femmes à la sexualité libre et assumée n’ont pas non plus à être stigmatisées. 

Dans la rue, comme sur les réseaux

Le terme aurait été repéré pour la première fois en 2006. Il a ensuite été repris dans les marches féministes canadiennes entamées en 2011 à Toronto : les « slut walks« . De nombreuses femmes avaient pris la rue suite aux propos d’un officier de police, qui avait dit que les femmes devraient éviter de s’habiller comme des « salopes » (slut) si elles ne voulaient pas être victimes de viols. Ces marches sont devenues un symbole de protestation contre les violences sexuelles et la stigmatisation des victimes.

Peu importe à quand remonte la première apparition de cette expression, le slut-shaming a toujours existé. Depuis que les réseaux sociaux font partie intégrante de la vie de chacun, on peut même dire qu’il s’est renforcé et étendu massivement. Une femme active sur les réseaux peut alors devenir sujette à toutes sortes de critiques et d’hypothèses sur son corps et sa vie sexuelle. 

Le slut-shaming est profondément ancré dans nos réalités et perpétré autant par les hommes qu’entre femmes. Que ce soit sur Internet ou dans la réalité, il a des effets délétères. En plus d’être blessant, humiliant et d’impacter la santé mentale des femmes, cette tendance participe au contrôle de leur corps, créant une pression sociale importante autour de leur sexualité. Confrontées dès leur plus jeune âge aux remarques et attitudes dénigrantes sur leur vie sexuelle et leurs corps, nombreuses femmes ont intégré le slut-shaming comme une norme. 

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