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À l’ère où l’apparence physique est cruciale pour la reconnaissance sociale, certaines voix s’élèvent contre des standards de beauté inaccessibles à la majorité. Les hashtags comme « I’m not ugly, I’m just poor » ont proliféré sur les réseaux sociaux, illustrant ce propos avec des photos avant/après de célébrités comme les Kardashian ou Bella Hadid. Ces images soulignent que la perfection esthétique est souvent une question d’argent.
Bien que les produits de beauté et les soins de base soient accessibles à tous, les transformations physiques significatives demeurent un privilège des plus fortunés. Les personnes aux revenus modestes peuvent certes soigner leur apparence superficielle, mais elles doivent souvent renoncer à des soins plus coûteux comme les traitements dentaires ou une alimentation saine.
La beauté, un luxe inaccessible pour beaucoup
Le philosophe Bernard Andrieu note que les inégalités financières se reflètent surtout dans le traitement à long terme de la beauté et du vieillissement. Une étude montre que 40 % des Français n’ont jamais eu recours à la médecine esthétique, principalement en raison des coûts élevés, et parmi ceux qui l’ont fait, 57 % appartiennent à des catégories socio-professionnelles supérieures.
La youtubeuse Karolina Zebrowska dénonce le manque de transparence des célébrités concernant leurs interventions esthétiques. Selon elle, beaucoup de ces transformations passent inaperçues parce qu’elles sont très bien réalisées, et il serait plus sain de supposer que la plupart des célébrités ont eu recours à des traitements.
Un privilège ancien, mais un phénomène amplifié
L’idée que la beauté est un privilège des riches n’est pas nouvelle. Déjà au XVIIe siècle, les femmes aisées investissaient dans leur apparence pour attirer des prétendants. La différence aujourd’hui est l’exposition constante des classes populaires aux images de perfection véhiculées par les médias et les réseaux sociaux, ce qui crée une pression incessante pour atteindre ces standards inaccessibles.
Les conséquences financières et sociales
L’accessibilité relative de certains traitements peut pousser ceux qui n’en ont pas les moyens à s’endetter, sans jamais atteindre la satisfaction. Les fake injectors, offrant des services à bas prix mais risqués, sont une autre conséquence de cette quête de la perfection.
Dans le monde professionnel, l’âgisme est encore plus sévère pour les femmes qui ne peuvent rester esthétiquement compétitives. Selon la Dre Sylvie Poignonec, les femmes cadres ou commerciales subissent une pression immense pour maintenir une apparence parfaite, nécessitant parfois des liftings dès 45 ans.
Une pression accrue par les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux amplifient cette pression, notamment chez les jeunes. L’anthropologue David Le Breton souligne que la société actuelle valorise le look et l’image, incitant les jeunes à surinvestir dans leur apparence et banalisant les soins esthétiques.
En France, avec un minimum de moyens et des choix budgétaires judicieux, il est possible d’accéder à des traitements esthétiques modérés qui font une différence. Toutefois, des limites financières peuvent parfois protéger contre les excès, contrairement aux célébrités qui peuvent se permettre toutes les interventions souhaitées, souvent avec des résultats extrêmes.
En fin de compte, la beauté reste un privilège des riches, malgré une certaine démocratisation des soins esthétiques. La pression sociale pour se conformer aux standards de beauté peut avoir des conséquences financières et psychologiques importantes, surtout pour ceux qui ne peuvent se permettre ces transformations coûteuses.